Le mois de ramadan approche. Le mois saint musulman doit commencer le 23 mars 2023 dans un contexte alimentaire difficile en Tunisie. Une bonne raison pour que les Tunisiens revoient leurs mauvaises habitudes alimentaires durant ce mois marqué par une hausse de 25 à 30% de la consommation de certains produits.
Les Tunisiens adoptent au cours du mois de ramadan, un comportement consumériste allant jusqu’au gaspillage au moment où le pouvoir d’achat du citoyen connaît une détérioration sans précédent et que le pays fait face à de grands problèmes pour approvisionner le marché en produits de première nécessité.
Le taux d’inflation a atteint des niveaux très élevés (10,4% en février 2023) et va atteindre ou peut-être dépasser 11% cette année, selon la Banque centrale de Tunisie (BCT), d’où la nécessité de rationaliser les dépenses et d’adopter des modes de consommation sains et équilibrés, à même de préserver la santé des citoyens et de réduire le coût de consommation des ménages.
Selon l’Institut national de la consommation (INC), la famille tunisienne gaspille environ 5% des dépenses orientées vers l’alimentation. Ce pourcentage atteint 16% pour le pain, 10% pour les dérivés de céréales (pâtes et couscous) et 6% pour les légumes.
Le problème va en s’amplifiant, étant donné que 80% du total des dépenses de subvention des produits alimentaires (1,57 milliard de dinars en 2017) ont été orientés vers les céréales et les dérivés.
Un régime alimentaire plus sain
Dans une interview accordée à l’agence Tap, le médecin nutritionniste Maha Siala Jemal recommande de rationnaliser la consommation et d’adopter un régime alimentaire sain et écologique, non seulement au cours du mois de ramadan mais tout au long de l’année. Elle met en garde contre l’engouement pour les fast-foods qui coûtent cher au consommateur et nuisent à sa santé.
Elle explique la manière de choisir des aliments sains à moindre coût, évoquant les maladies qui découlent d’une alimentation malsaine caractérisée par des taux élevés de graisse, de sucre et de sel.
C’est ainsi qu’une étude élaborée par le ministère de la Santé en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, montre une aggravation de l’obésité en Tunisie au cours des deux dernières décennies de 12,2% en 2001, à 26,2% en 2016 (+115%).
La nutritionniste a souligné que le nombre d’enfants et d’adolescents obèses est en croissance continue, ce qui provoque des maladies telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’asthme… Et de rappeler que l’obésité constitue l’un des plus grands problèmes de santé à l’origine d’inflammations sournoises.
Pour elle, les Tunisiens qui choisissent avec soin leur alimentation peuvent éviter les dépenses découlant du traitement de telles maladies. Aussi la consommation de poissons bleus tels que les sardines mais aussi, des graines de chia et de lin permettent d’atténuer ces inflammations.
Les vertus de la diète méditerranéenne
«Plusieurs aliments industrialisés provoquent de graves maladies telles que les cancers du sein et du colon et bien d’autres maladies. L’absence de sels minéraux dans ce genre d’aliments est, aussi, à l’origine de plusieurs maladies dont l’anémie», explique Dr Siala.
La cherté des aliments industrialisés ne réside pas en leur prix uniquement mais en leur coût sur le long terme (dépenses de santé, médicaments…).
La nutritionniste a évoqué les vertus de la diète méditerranéenne composée de repas équilibrés et sains (bourghoul, malthouth, bssissa ou céréales moulus…), tout en prévenant contre les produits tels que la farine blanche et la charcuterie (jambon, salami).
Elle a plaidé pour un retour à l’alimentation d’antan, celle de nos grands-parents composée de céréales complètes (lentilles, petit-pois, orge…), riches en fibres, en vitamines et en sels minéraux mais aussi, de bonnes graisses.
Elle a recommandé de consommer les fruits et légumes de saison qui peuvent être conservés de manière saine (petit-pois, tomates et autres).
Les messages erronés des spots publicitaires
Le médecin nutritionniste a mis en garde contre les messages véhiculés par les sports publicitaires notamment en ce qui concerne les boissons gazeuses supposées faciliter la digestion.
Elle affirmé que cette information est erronée puisque ces boissons provoquent des ballonnements, des difficultés de digestion alors qu’elles peuvent être remplacées par une eau aromatisée (avec du gingembre, de l’eau de géranium….).
Elle a mis en garde contre les régimes alimentaires déséquilibrés ou la malbouffe qui sont à l’origine de la hausse exponentielle des maladies chroniques, lesquelles constituent «une véritable menace» pour les générations futures.
Revenant sur les bienfaits du jeûne, la nutritionniste a souligné que cette pratique permet de purifier le corps, d’éliminer les toxines ainsi que les graisses, de prévenir les inflammations et de réguler le taux de glycémie.
Elle a, dans ce contexte, appelé les consommateurs à suivre la règle des trois repas: un repas lors de la rupture du jeûne, une collation au cours de la soirée et un troisième repas durant le «shour».
«Lors du premier repas et avant d’attaquer le plat principal, il est recommandé de boire un verre d’eau ou de lait ou encore du lait fermenté, de consommer une datte ainsi qu’un bol de soupe, sans oublier la salade», indique-t-elle.
Des repas plus équilibrés et plus complets
La spécialiste en nutrition a fait savoir que l’apport en protéines peut être assuré, par la consommation de petits pois ou de lentilles. En effet, un repas équilibré et complet peut être composé d’une soupe de lentilles riche en vitamines et protéines, accompagnée d’un «brik» à l’œuf et au thon, ainsi que d’une salade.
Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur l’impératif de maîtriser les quantités de nourriture, au cours de la soirée, suggérant de consommer un seul fruit tel qu’une orange qui est moins calorique et moins coûteuse qu’un verre de jus d’orange.
Pour ce qui est des pâtisseries, elle a exhorté les consommateurs à opter pour les gâteaux faits maison, avec des ingrédients tels que les graines de sésame, les amandes et les noix.
La nutritionniste a souligné l’importance d’éviter les pâtisseries telles que les «mkharek» et «zlebia» et de les remplacer par des fruits secs.
En ce qui concerne le dernier repas du soir, «shour», elle a recommandé de renouer avec les plats culinaires tunisiens ancestraux comme le «masfouf» (un plat composé de couscous, lait, fruit secs, dattes, raisins secs, graines de grenade…). Le «shour» peut être, aussi, composé de sorgho, d’un œuf, d’un pain complet accompagné de fromage…
Dr Siala a jugé indispensable d’éviter les fritures, les sucreries et les aliments salés qui compliquent la digestion, le soir.
Pour elle, l’éducation alimentaire et la sensibilisation à une alimentation saine doit commencer tôt, à partir de la petite enfance et être inculquées dans les établissements scolaires.
D’après Tap.
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