Dans un communiqué publié sur son site web, que nous reproduisons ci-dessous des extraits, l’Institut des droits de l’homme de l’Association internationale du barreau (IBAHRI) condamne et demande l’arrêt immédiat de la vague d’arrestations visant les détracteurs et les opposants présumés au président tunisien Kaïs Saïed, ainsi que les violentes attaques contre les ressortissants et migrants subsahariens en Tunisie.
Des informations sur ces derniers sont apparues à la suite d’un discours prononcé par le président Saïed le 21 février 2023, dans lequel il affirmait que les migrants sans papiers des pays subsahariens tentaient de modifier la composition démographique de la Tunisie, qui a une culture majoritairement arabo-musulmane.
Depuis le 11 février 2023, au moins 12 dissidents ont été arrêtés pour avoir critiqué la nouvelle politique du président Saïed ou soutenu des manifestations contre cette politique. Parmi les personnes arrêtées figurent (…) des personnalités politiques; deux anciens juges; un avocat; un ancien ministre du gouvernement; et le directeur d’une importante station de radio.
Dans au moins trois cas, les autorités tunisiennes ont arrêté des personnes en vertu d’une loi passible de la peine de mort et, dans au moins cinq cas, les autorités n’ont pas présenté de preuves d’actes répréhensibles commis par les personnes arrêtées, selon leurs avocats.
Dans une déclaration vidéo publiée sur sa page Facebook officielle, le président Saïed a qualifié les personnes arrêtées de «terroristes» et de «traîtres», les accusant de conspirer pour saper l’État et de manipuler les prix des denrées alimentaires pour provoquer des troubles sociaux.
Les arrestations coordonnées ont fait craindre une répression plus large de la dissidence et ont incité le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, à demander la libération immédiate des détenus, notant que «le procureur général de Tunisie a engagé de plus en plus de poursuites pénales contre des opposants au président, les accusant de ‘‘complot contre la sûreté de l’État’’».
La coprésidente de l’IBAHRI et secrétaire générale sortante de l’Association du barreau suédois, Anne Ramberg Dr Jur hc, a déclaré : «L’arrestation coordonnée de membres de l’opposition politique et de critiques du gouvernement, et leur qualification comme ‘‘terroristes’’, sont condamnées par l’IBAHRI. De telles actions ne peuvent être considérées que comme une tentative des autorités tunisiennes d’intimider les opposants et de mettre fin à leurs critiques des politiques radicales du président Saïed. Alors que la démocratie et les droits de l’homme en Tunisie semblent s’évaporer depuis la révolution du printemps de 2011, l’IBAHRI demande que toutes les charges retenues contre les personnes arrêtées soient abandonnées, que les personnes détenues arbitrairement soient libérées et que le président Saïed maintienne l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’Etat de droit conformément aux normes internationales et aux obligations juridiques de la Tunisie. En outre, l’IBAHRI appelle la communauté internationale à s’attaquer de toute urgence au déclin rapide de la démocratie dans le pays.»
(…) Le coprésident de l’IBAHRI, Mark Stephens CBE, a déclaré : «Les mesures que le président Saïed a prises depuis le 25 juillet 2021 ont servi à démanteler efficacement l’État de droit et la séparation des pouvoirs en Tunisie, ouvrant peut-être un processus de retour du pays à l’autoritarisme. Ces mesures ont affaibli l’indépendance judiciaire et la protection des droits de l’homme, restreint le discours civique et étouffé la liberté d’expression. Cette usurpation anéantit les avancées démocratiques progressistes réalisées depuis la révolution tunisienne de 2011 et est condamnée par l’IBAHRI. Nous condamnons également les propos du président Saïed relatifs aux Africains subsahariens qui ont, dans l’esprit de nombreux Tunisiens, créé l’image d’une menace existentielle à laquelle de nombreux citoyens ont réagi par des violences physiques et/ou des attaques verbales contre les Africains subsahariens. L’IBAHRI appelle le président à s’abstenir d’une telle rhétorique, à protéger les droits de tous en Tunisie à vivre sans crainte d’attaques violentes et à adhérer au droit et aux principes internationaux des droits de l’homme».
(…)
Communiqué.
Source : IBANET.
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