La reprise de l’activité touristique en Tunisie se confirme. Il s’agit de maintenir le cap et de saisir les opportunités d’investissement qui sommeillent autour de ce secteur dans sa définition et son périmètre le plus large. L’économie tunisienne sortira revigorée d’un telle embellie.
Par Hakim Tounsi *
On a annoncé depuis mars dernier que l’actuelle saison touristique en Tunisie sera exceptionnelle. Effectivement, au 10 mai il a été recensé aux frontières 2,430 millions d’entrées de non-résidents, soit +93,5% par rapport à la même période de 2022. Aussi, peut-on confirmer avec satisfaction que l’une des destinations les plus en vogue pour cet été en Europe reste la Tunisie malgré l’attaque de Djerba.
A ce jour, on recommande aux retardataires, Tunisiens et étrangers, de faire vite pour réserver car les taux de remplissage dans les hôtels sont très élevés, quand la vente n’est pas déjà fermée sur beaucoup de périodes. Ceci touche toutes les régions de Tunisie.
A ce jour, la région de Mahdia compte le plus de disponibilités si vous ne trouvez pas de disponibilités ailleurs selon vos dates de séjour souhaitées, vous pouvez vite y aller en confiance. C’est vraiment une zone touristique carrément superbe.
En termes de recette, le pays peut beaucoup mieux faire
La recette touristique tunisienne au 10 mai cette année a été en progression de 59,7% mais à un niveau nominal encore à mon sens très bas par rapport au véritable potentiel du pays qui peut beaucoup mieux faire.
La Tunisie a réalisé au 10 mai l’équivalent de 1.423,700 MDT de recettes en devises, soit 59,7% de plus qu’en 2022 à la même date et +2,4% par rapport à 2019.
Pour la période allant de juin à septembre, la progression de la recette touristique selon nos prévisions serait entre 50 et 60% car cette période a toujours été bien vendue et le taux de progression n’y est pas très extensible.
Pour chercher plus d’amélioration de la recette touristique sur cette période juin-septembre, il faut faire un effort de conversion au détriment de l’économie parallèle pour ramener du chiffre vers l’économie conventionnelle.
La recette touristique pour l’arrière-saison, octobre à décembre, dépendra des efforts du gouvernement pour aider à ouvrir des lignes aériennes internationale vers l’aéroport de Tozeur-Nefta afin de mieux profiter du potentiel du tourisme saharien et oasien qui a pour haute saison la basse saison balnéaire et qui pourrait de ce fait rallonger l’activité touristique en Tunisie et faire augmenter ainsi sensiblement ses recettes.
Un grand effort reste aussi à faire pour aider au retour des voyages de groupes associatifs, de comités d’entreprises et de séminaires qui se positionnent généralement en dehors des vacances scolaires et des périodes de pointe permettant d’aller chercher le plus et de rallonger la saison avec plus de retombées sur l’économie du pays.
Un potentiel encore mal exploité
Pour 2024, les prévisions du secteur touristique restent en progression mais le potentiel n’est pas exploité d’une manière satisfaisante. La Tunisie doit faire un effort d’investissement pour remettre en exploitation d’urgence sa capacité hôtelière sortie du marché suite aux trop nombreuses fermetures d’hôtels survenues depuis 2011.
Pour les investisseurs tunisiens et étrangers, il y a de réelles opportunités en Tunisie pour le rachat ou la location à longue durée d’hôtels dans plusieurs régions du pays. La conjoncture pour les années à venir est favorable pour le financement de tels projets.
Le marché est porteur et la stabilité politique en Tunisie ne pourra que progresser compte tenu de la configuration d’une géopolitique régionale favorable et concordante rassemblant de grandes puissances telles que l’Egypte, la Turquie, l’Algérie et bien sûr l’Union Européenne qui restera le 1er partenaire du pays malgré des négociations qui pourraient s’avérer sur certains dossiers plus difficiles que par le passé mais dont l’issue favorable à l’ensemble de la région ne peut faire aucun doute.
Aussi recommande-t-on vivement aux entreprises de tourisme tunisiennes et notamment les compagnies hôtelières de faire un grand pas pour abandonner leurs formes souvent familiales, de séparer la propriété immobilière de l’exploitation de leurs unités et de faire des opérations de joint-venture avec des marques internationales du monde du tourisme et des loisirs.
Des opportunités qui sommeillent
Pour la propriété des Immeubles du secteur du tourisme, on recommande une revalorisation nationale, couverte par une loi fiscale appropriée pour ne pas tomber sur des taux excessifs et non productifs des actifs en commençant par une revalorisation de la valeur des terrains propriété des hôtels. Ceci augmenterait la valeur des fonds propres et améliorerait sensiblement la capacité d’endettement des sociétés hôtelières afin de les inciter à aller vers des opérations d’investissements pour la conservation, l’amélioration et le développement de leurs produits.
Dans la partie immobilière, il faudrait des mesures fiscales pour attirer les fonds des compagnies d’assurances et des fonds d’Investissement. Une loi fiscale tunisienne pourrait être envisagée pour exonérer partiellement les bénéfices des sociétés qui convertissent ces bénéfices en investissements dans les secteurs du tourisme et des transports.
Il est en effet temps pour la Tunisie pour promouvoir davantage les opportunités d’investissement qui y sommeillent autour du secteur du tourisme dans sa définition et son périmètre le plus large.
Le secteur du transport aérien après un équilibre de ses comptes d’exploitation en 2022 connaîtra une année 2023 bénéficiaire pour l’ensemble des compagnies opérantes. Il y a même de la place pour une nouvelle compagnie aérienne tunisienne et personnellement j’encourage vivement les grands groupes financiers tunisiens à faire ce pas pour conserver la part du pavillon national d’un trafic en progression.
Les signes d’une progression annoncée
Au mois de mars j’annonçais un mieux en 2023 de l’économie tunisienne et j’avais justifié cela par une anticipation de la progression de 3 chiffres. Le tourisme de 1,9 milliards euros à 2,2 ou 2,5 milliards. Les transferts des TRE de 2,6 milliards d’euros à environ 3 milliards et enfin celui des phosphates qui irait aussi vers les 3 milliards. Les chiffres des transferts des TRE iraient vers l’équivalent de plus de 12 milliards de TND selon les dernières estimations ce qui est conforme à nos estimations du mois de mars dernier. A la date du 20 mai 2023 les transferts des TRE ont atteint 3 milliards de dinars, enregistrant ainsi une hausse de 6% en comparaison avec la même période en 2022.
J’avais annoncé aussi que Fitch Rating sortirait ses nouvelles notations et qu’il est probable que la Tunisie voit une légère amélioration de sa note souveraine après la correction à CCC+ au lieu de CCC- qui a été faite le 31 mars dernier. Restons optimistes.
* Directeur fondateur du TO Authentique International.
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