Les «succès» annoncés par l’Etat sur le front de la lutte contre les spéculateurs vont-ils mettre fin à la pénurie de pain, aux fermetures de boulangeries et aux longues files d’attente devant celles encore ouvertes ? L’espoir est permis, le doute aussi.
Par Imed Bahri
Pour appuyer les déclarations du président Kaïs Saïed concernant les réseaux de spéculateurs qui cherchent à provoquer des pénuries de pain et à empoisonner l’atmosphère générale dans le pays, la présidence de la république a publié un tableau des saisies effectuées lors d’une campagne de contrôle dans une quinzaine de minoteries.
Selon ce tableau, près de 6.528 tonnes de produits subventionnés et 8,45 tonnes de sel alimentaire ont été saisies le 15 août 2023. Cela comprend 1 597 tonnes de farine subventionnée, 99,5 tonnes de farine de haute qualité, 1 579,6 tonnes de semoule, 3 100 tonnes de blé et 151,9 tonnes de son.
La campagne a été menée par des agents de l’ordre, des gardes nationaux et des contrôleurs des ministères du Commerce et des Finances ainsi que de l’Office des céréales.
Le président Kaïs Saïed a présidé ce jour-là une réunion avec le Premier ministre Ahmed Hachani, le ministre de l’Intérieur Kamel Feki, le ministre du Commerce et du Développement des exportations Kalthoum Ben Rejeb Gazzeh, le directeur général de la Sûreté nationale Mourad Saidane et le directeur général de la Garde nationale Hassine Gharbi.
La réunion a abordé la campagne de contrôle qui a eu lieu mardi dans une quinzaine de minoteries et a abouti à la découverte d’un certain nombre de spéculateurs qui seraient à l’origine de la «crise du blé», selon un communiqué de la présidence.
Il reste cependant à espérer que toutes ces saisies soient justifiées et ne s’inscrivent pas dans une volonté de faire du chiffre de la part de l’administration, que les soi-disant «spéculateurs» ne s’avèrent pas être de simples professionnels du secteur disposant de toutes les preuves attestant de leur innocence des accusations portées contre eux, comme cela s’est déjà passé avec certains de leurs collègues, et que tout cet activisme politique ne soit pas superflu, inutile sinon contre-productif, les problème étant ailleurs, dans le système de subvention lui-même et dans les difficultés financières de l’Office des céréales, surendetté auprès des banques, et qui n’arrive pas à importer suffisamment de blé pour éviter les pénuries.
Il reste donc à espérer que suite à ces «succès» enregistrés sur le front de la lutte contre les spéculateurs mettra fin à la pénurie de farine, aux fermetures de boulangeries et aux longues files devant celles encore ouvertes.
Au-delà des effets d’annonce, dont on s’est lassé, on attendra de juger des résultats concrets sur le terrain.
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