Le bureau exécutif du mouvement Ennahdha a, dans un communiqué publié dimanche 3 septembre 2023, dénoncé la décision prise la veille par ce qu’elle appelle le «pouvoir putschiste» de mettre Abdelkerim Harouni en résidence surveillée «sans justifications légales», selon ses termes. (Rached Ghannouchi et Ali Larayedh – actuellement en prison – rendent visite à Abdelkarim Harouni à sa sortie d’hôpital en juin 2022).
Harouni est l’un des dirigeants historiques du mouvement islamiste tunisien. Il a été ministre du Transport dans le gouvernement Hamadi Jebali, entre décembre 2011 et février 2013. Il a aussi présidé, au lendemain du congrès du mouvement en 2016, le Conseil de la Choura, et est réputé proche du leader du mouvement Rached Ghannouchi, incarcéré depuis plusieurs mois et poursuivi dans diverses affaires.
C’est une décision arbitraire qui anticipait la réunion du Conseil de la Choura qui devait se tenir ce matin du dimanche 3 septembre dans une tentative de faire pression sur cette instance pour l’empêcher de poursuivre la préparation de la tenue du 11e congrès du mouvement fin octobre prochain, indique Ennahdha dans son communiqué.
Tout en dénonçant la mise de Harouni sous résidence surveillée et en appelant les autorités à «revenir sur cette mesure injuste, contraire à la loi, aux traités internationaux et aux doits reconnus universellement de circulation et à l’action politique et civile», Ennahdha a réitéré «son attachement au processus démocratique et à son droit à l’activité légale et pacifique, et à œuvrer à la tenue de son 11e congrès décidé par le Conseil de la Choura».
Ennahdha ajoute que cette «décision injuste confirme encore une fois la tendance autoritaire du pouvoir, ses atteintes aux droits et libertés individuels et collectifs et les pressions qu’il exerce sur les partis afin de mettre fin au processus démocratique et faire revenir notre pays au carré du pouvoir personnel».
Le parti islamiste fait par ailleurs porter au pouvoir en place «la responsabilité des retombées de cette incarcération masquée sur la santé de Abdelkarim Harouni qui est encore soumis à des soins critiques depuis l’incendie du siège central du mouvement fin 2021».
Enfin Ennahdha rejette les pressions systématiques que le mouvement islamiste subit, ainsi que ses institutions et ses figures dirigeantes, et y voit «une limitation de la liberté politique et une nouvelle tentative pour affaiblir les rangs de l’opposition au pouvoir putschiste.»
I. B.
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