La réduction des subventions aux produits de base, l’un des axes des réformes structurelles recommandées par les bailleurs de fonds internationaux, n’est pas une priorité pour l’Etat tunisien, qui semble plus soucieux de calmer la grogne sociale alimentée par la hausse continue des prix des produits alimentaires.
En effet, le projet de budget de l’Etat pour 2024 prévoit une allocation de 3,591 millions de dinars tunisiens (MDT) pour la subvention des produits de base, contre 3,805 MDT pour 2023, en baisse de «seulement» 5,6%.
Cependant, cette baisse reste très hypothétique et de l’ordre du souhait, car elle ne dépend pas du bon vouloir des autorités tunisiennes mais de plusieurs impondérables liés à la conjoncture internationale qui est loin d’être rassurante. Et si les choses n’évoluent pas comme souhaité, la baisse risquerait de se transformer en nouvelle hausse qu’il faudrait du reste financer, qui plus est, sans recourir aux bailleurs de fonds extérieurs, lesquels – soit dit en passant – ne se bousculent plus à notre portillon.
Selon le projet de budget de l’État pour 2024, le gouvernement s’appuie sur un certain nombre d’hypothèses optimistes pour parvenir à la réduction souhaitée des subventions aux produits de base, notamment une baisse du prix du blé sur les marchés mondiaux à 327 dollars la tonne (contre 343 dollars la tonne dans le budget actualisé de 2023) et le prix de l’huile végétale à 1 100 dollars la tonne (contre 1 250 dollars la tonne dans le budget 2023 actualisé).
Parmi les hypothèses, également optimistes, du gouvernement figurent la stabilité du dinar par rapport au dollar, la mise en œuvre du décret-loi n°2022-14 du 20 mars 2022 visant à lutter contre la spéculation illégale, et le renforcement des contrôles sur les circuits de distribution des produits de consommation, notamment les céréales subventionnées et dérivés, contrôles dont on parle depuis plusieurs années sans qu’on ne parvienne vraiment à les mettre en œuvre de manière efficace.
Le gouvernement se donne aussi pour tâche d’œuvrer à promouvoir les cultures céréalières, notamment le blé dur, en garantissant la disponibilité des semences et des engrais chimiques et en augmentant les capacités de collecte et de stockage des céréales, compte tenu des deux hausses des prix à la production des céréales en 2022 et 2023.
Les dépenses en subventions aux produits de base représentent environ 31,7% des dépenses en subventions et 2% du PIB, contre respectivement 33,2% et 2,4% dans le budget actualisé de 2023.
La production céréalière est tombée à 0,3 million de tonnes en 2023, contre une moyenne de 1,2 à 1,5 million de tonnes, en raison du déficit pluviométrique que connaît le pays depuis plusieurs années.
Le projet de budget de l’Etat pour 2024 propose des allocations de l’ordre de 11 337 MDT pour la subvention, contre 11 475 MDT prévus pour 2023, en baisse de 1,2%. Le budget des subventions représente 19% des dépenses budgétaires et 6,5% du PIB.
I. B.
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