Un rapport de quatre pages du National Intelligence Council (le Conseil national du renseignement des États-Unis) transmis aux hauts responsables américains remet en cause les allégations israéliennes concernant l’UNRWA et pointe du doigt les propos du très pro-israélien secrétaire d’État américain Anthony Blinken qui les avaient considérées comme «très crédibles». Décryptage.
Par Imed Bahri
Dans un article intitulé «Les renseignements américains jettent le doute sur les allégations israéliennes de liens entre l’UNRWA et le Hamas», le quotidien britannique The Guardian affirme que les renseignements américains ont évalué dans un rapport de quatre pages les accusations israéliennes contre l’UNRWA concernant la participation de certains de ses employés à l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre dernier et qu’ils ont considéré les allégations israéliennes verbatim comme «low confidence», en français de faible confiance.
Le rapport indique qu’au début de cette année, Israël a accusé 12 employés (dont deux sont décédés) de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour le réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’avoir participé à l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre 2023 aux côtés du Hamas. Le rapport indique qu’Israël a affirmé également que 10% de l’ensemble les employés de l’UNRWA appartiennent au Hamas. Ces accusations israéliennes qui en réalité ne sont que des allégations non prouvées ont conduit 19 États occidentaux dont les États-Unis à suspendre illico presto (le jour même où Israël a formulé ces allégations) le financement de l’agence onusienne qui constitue un moyen crucial pour acheminer l’aide vitale dans la bande de Gaza. La suspension du financement de l’UNRWA a considérablement dégradé la situation humanitaire à Gaza, accentué la famine et contribué ainsi au génocide perpétré par l’Etat hébreu contre les Palestiniens.
La haine d’Israël envers des Palestiniens et de l’UNRWA qui les aide
Le Guardian, qui s’est référé au Wall Street Journal qui a pris connaissance de la teneur du rapport, indique: «Le rapport des services de renseignement américains publié la semaine dernière estime avec un faible niveau de confiance qu’une poignée d’employés aient participé à l’attaque et n’est pas en mesure de confirmer de manière indépendante la véracité des accusations.» Le rapport indique également que si l’UNRWA coordonne avec le Hamas qui contrôle la bande de Gaza c’est pour fournir de l’aide et du travail dans le territoire palestinien et rien n’indique que l’agence onusienne ait conclu un partenariat avec le mouvement.
Le journal a confirmé aussi que Tel Aviv «n’a pas partagé d’informations brutes avec les États-Unis» et a cité deux sources bien informées qui ont évoqué «la haine d’Israël envers l’UNRWA». L’une de ces sources déclare: «Il y a une section spécifique qui mentionne comment les préjugés israéliens déforment bon nombre de leurs évaluations concernant l’UNRWA» et dit que «cela a conduit à des distorsions.»
Le journal a rapporté que le rapport de quatre pages publié par le National Intelligence Council avait été distribué aux responsables du gouvernement américain la semaine dernière.
Il est à souligner que le Conseil national du renseignement a été créé aux États-Unis en 1979 et comprend des analystes du renseignement chevronnés et expérimentés qui travaillent aux côtés des décideurs politiques américains sur la politique américaine.
Les Occidentaux participent au génocide des Palestiniens
Le rapport a également noté que le secrétaire d’État américain Anthony Blinken avait affirmé en janvier dernier que «les accusations israéliennes sont très crédibles». Autrement dit, il a considéré les allégations israéliennes non vérifiées comme une vérité et il s’est basé dessus pour couper les vivres à l’UNRWA ce qui a eu des conséquences désastreuses sur la situation humanitaire déjà insoutenable dans la bande de Gaza. Cette attitude de M. Blinken montre avec quel manque de professionnalisme et avec quelle légèreté le chef de la diplomatie américaine peut prendre ses décisions et en dit long sur la sacralité de la parole israélienne chez les décideurs occidentaux.
Pendant ce temps, la situation ne cesse de se dégrader à Gaza. Le commissaire général de l’UNRWA Philippe Lazzarini a tiré la sonnette d’alerte en avertissant que l’agence est au bord de l’effondrement après que de nombreux pays aient cessé de la financer. Il a déclaré jeudi 22 février dans une lettre adressée au président de l’Assemblée générale des Nations Unies Dennis Francis que «l’agence est au bord de l’effondrement à la lumière des appels répétés d’Israël à démanteler l’UNRWA et à geler le financement des donateurs à un moment où l’aide humanitaire les besoins s’intensifient d’une manière sans précédent à Gaza.»
Lazzarini a souligné que Gaza a vécu comme aucune autre région du monde le meurtre d’enfants, de journalistes, de personnel médical et de personnel des Nations Unies. Il a expliqué que les derniers hôpitaux opérationnels à Gaza s’effondrent alors que les médecins amputent les membres des enfants sans anesthésie ce qui élève la souffrance des enfants, de leurs parents et des équipes médicales à un nouveau niveau. Lazzarini a également averti que la famine à Gaza était imminente.
Voilà donc comment des allégations mensongères israéliennes considérées comme de la parole sacrée accélèrent la famine pour tout un peuple. Israël veut sciemment affamer les Palestiniens pour les contraindre au déplacement forcé et à quitter définitivement leurs terres, et pour pouvoir affamer les Palestiniens, il faut arrêter de financer l’UNRWA et la détruire. Les pays occidentaux l’aident dans ce schéma diabolique en coupant les vivres à l’agence onusienne.
Les mesquins MM Biden et Blinken
Maintenant que leurs propres renseignements déboutent les allégations israéliennes, les États-Unis vont-ils financer de nouveau l’UNRWA ou bien vont-ils continuer à croire les mensonges israéliens et à ignorer leurs propres services de renseignement? Que va faire maintenant le très mesquin M. Blinken qui a dit que son cœur saignait tous les jours pour la population civile de Gaza qu’il a en même temps affamé en jugeant «très crédibles» les mensonges israéliens et en coupant les vivres à l’agence onusienne? M. Biden, dont l’administration veut nous faire croire depuis des mois que «sa patience à l’endroit de Netanyahu commençait à s’épuiser», va-t-il enfin s’impatienter pour de bon? Il est tellement patient que l’on commence à croire que sa patience dépasse celle d’Oum Kalthoum, mais au moins la diva égyptienne a déclamé en son temps que la patience avait des limites ce qui ne semble pas être le cas du président américain du moins quand il s’agit d’Israël. Avec la Russie, on n’a pas vu une telle patience, c’est paquets de sanctions sur paquets de sanctions, mais pour les génocidaires israéliens, il a refusé toute sanction comme nous l’avons expliqué dans le détail dans l’article «Gaza: Doctor Joe et Mister Biden».
Malheureusement, le génocide se poursuit à Gaza, les mensonges israéliens se poursuivent mais aussi la «patience» de Joe Biden à l’endroit de Netanyahu et la complaisance des Etats occidentaux à l’égard de l’Etat raciste et génocidaire hébreu se poursuit et coûte davantage de vies humaines innocentes chaque jour.
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