Stabilisation de la colline de Sidi Bou Saïd : une affaire mal engagée

En réaction aux informations relatives au danger de glissement de terrain sur la colline de Sidi Bou Saïd, un expert a affirmé à Kapitalis que le problème est réel et ne date pas d’aujourd’hui, ajoutant que la solution dépasse les capacités de la seule Tunisie, eu égard son coût financier.

Imed Bahri

Le directeur général par intérim de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (Apal), Mehdi Belhaj, a confirmé, dans un entretien avec l’agence Tap, publiée dimanche 5 mai 2024, que la colline de Sidi Bou Saïd, village pittoresque et touristique au nord-est de Tunis, est menacée de glissements de terrain, ajoutant qu’aucune solution ne saurait être envisagée et mise en œuvre sans un diagnostic précis de la situation.  

Sidi Bou Saïd est, rappelons-le, rattaché au site de Carthage, classé patrimoine mondial par l’Unesco en 1979. Toutefois, les consignes de l’Unesco ont cédé devant l’urbanisation qui s’est développée depuis Sidi Bou Saïd jusqu’à Maâlga et Salammbô. Pour ne rien arranger, les connexions électriques et téléphoniques aériennes ont dénaturé le paysage, empêchant jusque-là l’inscription du village en tant que tel sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, d’autant plus que la première condition imposée par l’organisation internationale était de stopper les constructions. «Or, sous Bourguiba et ensuite – et surtout – sous Ben Ali, tout le monde voulait sa petite portion de Sidi Bou Saïd et Sidi Dhrif»,  rappelle l’expert.

A l’époque, l’ancien président avait construit lui-même son palais sur la colline, qui a failli partir en mer, et il a fallu, pour stabiliser le sol, dépenser d’énormes sommes d’argent entre 2001 et 2009.

«Les littoraux à travers le monde sont tous menacés et le problème de la colline de Sidi Bou Saïd est connu depuis bien longtemps, le diagnostic ayant été fait depuis plus d’un demi-siècle. Le problème est que la solution nécessite d’énormes sommes d’argent et dépasse les moyens de la seule Tunisie. Mais qui va s’intéresser à la colline de Sidi Bou Saïd de la ‘‘petite’’ Tunisie ?», s’interroge notre expert.

L’inscription de Sidi Bou Saïd sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco aurait pu aider notre pays à mobiliser des crédits pour engager les travaux de stabilisation de la colline sur laquelle le village est construit, mais la boulimie des constructeurs a largement hypothéqué cette perspective.

Evoquant, par ailleurs, la somme de 400.000 dinars consentis par le ministère des Finances pour financer une étude technique comprenant le diagnostic, les solutions et l’estimation du coût et de la durée des travaux de consolidation de la colline, notre expert a indiqué que ce montant est très sous évalué eu égard l’étendue de la colline aggravée par l’urbanisation galopante qu’elle a subie. 

Autant dire que l’affaire est, d’ores et déjà, très mal engagée…  

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