La Chine et la Tunisie favorables à une multipolarité respectueuse des différences  

L’ambassadeur de Chine en Tunisie, Wan Li, a déclaré que «la Chine apprécie le fait que la Tunisie ait une diversité de partenaires, ce qui lui permettra de réaliser un développement exceptionnel», ménageant ainsi les susceptibilités de ceux et celles qui pourraient penser qu’en se rapprochant de la Chine, la Tunisie chercherait à tourner le dos à ses partenaires traditionnels occidentaux.

S’exprimant jeudi 6 juin 2024 lors d’une conférence de presse tenue à la suite de la visite d’État du président Kaïs Saïed en Chine et de sa participation à la 10e  session de la réunion ministérielle du Forum de coopération sino-arabe, l’ambassadeur chinois a ajouté que les dirigeants chinois et tunisiens ont un fort désir de renforcer la coopération entre les deux pays. «Je pense que cela sera mis en œuvre dans tous les domaines», a-t-il ajouté

La visite du président tunisien en Chine du 29 mai au 1er juin a coïncidé avec la célébration du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays au début de cette année.

La visite a coïncidé avec la tenue du sommet Chine-États arabes à Pékin et a été marquée par des rencontres avec de hauts responsables chinois, dont le président Xi Jinping, le Premier ministre et le président de l’Assemblée populaire nationale.

Multipolarité et mondialisation plus juste

L’ambassadeur chinois en a présenté les principaux résultats, les résumant en trois points : le renforcement de la confiance politique, la relance de la coopération concrète et la réorientation des relations sino-arabes sur la base de la multipolarité et d’une mondialisation plus juste et plus tolérante. Traduire : moins dominée par les puissances occidentales.

Wan Li a souligné que les dirigeants chinois ont exprimé leur soutien à la Tunisie dans la recherche d’une voie conforme à ses spécificités, ses aspirations à la prospérité et ses programmes de développement dans tous les domaines. Il a également déclaré que la partie tunisienne a réitéré son soutien à l’unité et aux efforts de la Chine pour sauvegarder ses intérêts fondamentaux.

L’ambassadeur a ajouté que les deux pays étaient convenus de pousser la gouvernance mondiale dans une direction plus juste et plus équitable, notant que les dirigeants chinois ont souligné que les pays du Sud doivent travailler ensemble pour soutenir un véritable multilatéralisme et une multipolarité plus juste et plus tolérante.

Lors des consultations avec le président tunisien, le président chinois a souligné que son pays est disposé à travailler avec la partie tunisienne pour formuler une stratégie commune et soutenir la Tunisie dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de la santé, du développement vert et de l’agriculture pour atteindre meilleurs résultats.

L’ambassadeur a, en outre, expliqué que la partie chinoise se félicite de l’importation de nombreux «excellents produits» de la Tunisie et souhaite renforcer la coopération dans les domaines de l’éducation et du tourisme.

Le président Saïed a souligné que la Tunisie attend davantage de soutien de la Chine dans les domaines du développement, de la santé, des transports, de l’éducation et de l’agriculture et espère élever les relations à un nouveau palier.

L’ambassadeur a ajouté que la Chine est disposée à travailler avec la Tunisie pour construire les forums de coopération sino-arabe et sino-africain afin de promouvoir les relations et de construire un avenir commun afro-chinois et sino-arabe, ajoutant que son pays organiserait un nouveau sommet Chine-Afrique en septembre et que les dirigeants tunisiens sont invités à y  assister.

L’annonce par les deux présidents d’établir un partenariat stratégique entre leurs deux pays est le résultat le plus important de la visite d’État de Saïed à Pékin, qui éclairera les relations entre les deux parties pendant longtemps, encore déclaré l’ambassadeur, en rappelant que sept accords ont été signés entre les deux pays, portant sur les aspects économiques, techniques et médiatiques, soulignant que le manque de temps a été la raison pour laquelle d’autres accords en préparation n’ont pas pu être signés, notamment celui relatif à la création d’un centre de recherche sur le cancer à Gabès.

Construire des relations respectueuses des différences

L’ambassadeur chinois a déclaré que la partie chinoise se félicitait de l’émission d’ «obligations Panda» par les pays arabes, qui aideront la Tunisie à trouver une nouvelle voie d’investissement. Et la partie chinoise s’efforcera de soutenir la mise en œuvre de projets de coopération au développement avec les pays arabes d’une valeur de 3 milliards de yuans, soit environ 400 millions de dollars, a-t-il ajouté.

D’autre part, l’ambassadeur chinois a souligné que son pays ne cherche à remplacer aucune partie en Tunisie ou en Afrique, mais plutôt à construire des relations sincères avec toutes les parties, dans l’intérêt des peuples et loin de tout esprit de confrontation.

Commentant l’expérience de la Chine, l’ambassadeur Li a déclaré qu’elle  «a montré que la voie du développement et de la prospérité nest pas unique, que chaque pays a ses propres caractéristiques et doit rechercher ses propres solutions, car il ny a pas un seul moyen datteindre les objectifs de manière continue.»

Concernant l’important déficit commercial entre la Tunisie et la Chine, l’ambassadeur a appelé les producteurs et exportateurs tunisiens à se tourner vers les marchés chinois et à promouvoir leurs produits. «La Tunisie a soumis des demandes pour exporter certains types de produits agricoles vers la Chine, et la partie chinoise a demandé une documentation complète à la partie tunisienne et attend que les dossiers soient finalisés», a-t-il déclaré, renvoyant ainsi la responsabilité du déficit commercial de la Tunisie avec la Chine aux Tunisiens et à leur manque de réactivité et de dynamisme.

Le président chinois a accepté l’invitation que lui a adressée le président tunisien de se rendre en Tunisie, à condition qu’une date convenant aux deux pays puisse être trouvée.

La Tunisie a été l’un des premiers pays africains à établir des relations diplomatiques avec la Chine (1964) et a été l’un des pays qui ont voté en faveur de la résolution 2758 des Nations Unies du 25 octobre 1971, qui reconnaissait le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul représentant du peuple chinois.

Ces dernières années, les relations entre les deux pays ont connu un élan diplomatique et des consultations politiques qui ont conduit à la signature en 2018 d’un mémorandum d’accord par la Chine sur l’adhésion de la Tunisie à l’initiative «la Ceinture et la Route».

Le 9 décembre 2022, le président Saïed a participé au premier Sommet sino-arabe à Riyad, en Arabie saoudite, où il a rencontré son homologue chinois pour discuter des moyens de renforcer la coopération entre les deux pays.

I. B. (avec Tap).