Ces chiens qu’on abat : Repose en paix, Khachouma … (Vidéo)

Une chienne appelée Khachouma tuée en pleine rue par des agents municipaux au quartier d’El-Menzah 7, suscite une polémique dans les réseaux sociaux sur le sort réservé aux animaux en Tunisie. Nous reproduisons ci-dessous le texte que nous a fait parvenir à ce sujet l’association Tunisia Animals Voice. Vidéo. (Illustration : Khachouma et son tueur, captures d’écran).

Le 3 juillet 2024 à 00.20 à Menzah 7 bis, la soirée s’étire, pour les jeunes du quartier. Comme à l’ordinaire, les adolescents se réunissent et discutent entre eux, accompagnés des chiens de la rue. Ils les connaissent tous et ont grandi avec eux.

Ils aiment ces chiens affectueux et habitués à l’homme. Des chiens qui sont vaccinés et stérilisés, et ils savent qu’ils ne courent aucun risque à les côtoyer.

Peu après minuit, deux véhicules se sont approchés du groupe. Des hommes en sont sortis, deux policiers, et un sniper qui a pointé son arme dans leur direction, provoquant un mouvement de panique. La chienne, qui était couchée paisiblement à leur côté, a été abattue instantanément. 

Cette chienne n’était pas anonyme. Elle portait un nom. Elle s’appelait Khachouma. Elle avait été stérilisée par le Centre de stérilisation et vaccination de la Municipalité de l’Ariana. 

Khachouma portait, aux oreilles, la bague numéro 417. Le 417e chien du programme TNVR. Elle avait été repérée par Rakia Borgi, de Tunisia Animals Voice, qui avait organisé la prise en charge et le suivi, laquelle a débuté il y a 5 ans.

Khachouma, ils (les jeunes du quartier) ont, pour la plupart, grandi avec elle. Des liens solides s’étaient tissés entre eux. Ils l’aimaient; elle faisait partie de leur environnement, de leur vie. Mais, cette amitié particulière avec un animal, qui peut la comprendre, en Tunisie, un pays où les animaux n’ont pas de droits, et encore moins celui de vivre ?

Cette nuit là, des adolescents, terrorisés par la scène qu’ils venaient de vivre, ont quand même fait face aux tireurs. Mais, les interrogations et leur détresse n’ont pas ému les snipers. 

Ces enfants ont reçu, pour toutes explications, que des insultes.

Le traumatisme est là. Des adultes les ont dénigrés, sans état d’âme, forts de leur puissance et de leur arrogance, balayant d’un revers de main, les valeurs inculquées et tout humanisme. 

Pourtant, nous prônons le respect, l’entraide et espérons un monde où nos enfants pourraient évoluer en toute sécurité et s’épanouir. Or, ce soir là, ces enfants ont eu du mal à trouver le sommeil. Ils ont pleuré la perte de leur amie et médité sur la désillusion d’une société où les adultes sont censés être là pour les guider et les protéger.

Lien de vidéo de la séquence sur Instagram.