Les potins du cardiologue: Au Canada, sauver les ours, les forêts, et les Indiens; les chiens enragés de Tunisie n’attendront pas !

Sauver les chiens de Tunisie? D’accord, quand ils n’ont pas la rage ou ne sont pas susceptibles de la transmettre. Mais de grâce éteignez les feux de forêts canadiens qui  émettent par le biais de la tourbe en combustion l’équivalent annuel de dix années d’émanations mondiales de carbone et contribuent à nos étés de plus en plus torrides. (Illustration: ours errants au Canada, chiens errants en Tunisie).

Dr Mounir Hanablia

L’ours est cet animal omnivore qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre écologique de son biotope. Au Canada, avec le réchauffement climatique et la fonte de la banquise, l’ours polaire ne trouve plus l’alimentation nécessaire pour sa survie (phoques, otaries, éléphants de mer, bélugas, narvals) et est obligé de nager à des distances considérables de son habitat d’origine.

C’est ainsi que les villages et les villes, ainsi que évidemment les installations pétrolières et gazières dont le gouvernement canadien a parsemé le territoire de la Première Nation (Indiens), se situant souvent à l’orée du cercle polaire arctique, font de plus en plus l’objet de ses visites inopinées, attiré qu’il est par les ordures et les détritus que la société de consommation produit pour satisfaire l’insatiable appétit du plus redoutable de tous les prédateurs de la planète, l’être humain.

Indispensable équilibre biologique

Ce que l’on dit de l’ours polaire s’applique également à son cousin chasseur des forêts et des montagnes, le grizzli, qui lui ne trouve plus dans les rivières désormais asséchées les saumons nécessaires à la constitution de la graisse indispensable pour l’hibernation durant les longs mois de l’hiver. Les grizzlis au lieu d’hiberner errent de plus en plus souvent affamés dans les faubourgs des villes canadiennes à la recherche d’une maigre pitance leur permettant de surmonter les rigueurs hivernales jusqu’au printemps suivant. Et la promiscuité avec l’être humain ne les rend que plus dangereux. Mais si des ours attaquent les êtres humains, c’est évidemment pour toutes les raisons précitées.

Pourtant l’ours est un vecteur de développement économique du fait de l’indispensable équilibre biologique qu’il assure en s’attaquant parmi toutes ses proies (en particulier les saumons) aux bêtes les plus faibles et malades et en éliminant les cadavres, assurant la pollinisation des fleurs, la sélection naturelle indispensable et épargnant aux espèces le risque épidémique. De surcroît sa peau a toujours constitué pour les populations indiennes le produit idéal pour la confection des manteaux et des tentes nécessaires contre le  froid de l’hiver. Et ces populations là malgré l’introduction des armes à feu n’ont jamais abattu plus de bêtes que celles assurant leur survie et se sont toujours montrées respectueuses du milieu naturel au sein duquel elles évoluent.

Il est d’autant plus nécessaire de rappeler tout cela que le gouvernement canadien a toujours empêché les grands groupes pétroliers et gaziers exploitant les gisements dans les territoires indiens de construire les écoles et les hôpitaux exigés par les habitants.

Inutile à cet effet de rappeler l’affaire des pensionnats, quand les autorités canadiennes prétendaient faire entrer les Indiens de force dans le monde civilisé en enfermant leurs enfants dans des établissements sous l’égide de l’Eglise, où ils subissaient toutes sortes d’exactions, y compris sexuelles (voir le livre de Michael Harris: ‘‘Unholy orders, tragedy at Mount Cashel’’). Robert Charlebois ce musicien canadien avait d’ailleurs l’habitude dire: «Au Canada 15% de la population a du sang indien dans les veines; les autres, ils en ont sur les mains»

Quant à la condition des chiens de traîneaux canadiens, un livre comme ‘‘Croc Blanc’’ de Jack London l’éclaire d’une lumière crue.

Impératifs urgents de la santé publique

Pour conclure, lorsqu’un intellectuel canadien, même quand il affirme être originaire de notre pays, prétend nous faire la morale (canine) en nous appelant à nous départir de nos préjugés de «musulmans» (???) et à faire de nos chiens des truffiers espagnols  plutôt que de les tuer, afin d’améliorer notre «image de marque» (???) en plus de notre économie, il démontre outre son paternalisme d’immigré à col blanc, une ignorance des impératifs urgents de la santé publique imposant l’abattage des animaux vecteurs d’épizootie. C’est aussi vrai pour la rage que pour l’encéphalopathie spongiforme bovine ou la grippe porcine.

D’autre part le préjugé musulman contre les chiens pour peu qu’il existe n’a jamais empêché les campagnards dans notre pays, autrement dit la part de la population la moins soumise aux normes occidentales, de les utiliser comme bergers ou à des fins de garde.

Sauver les chiens de Tunisie? D’accord, quand ils n’ont pas la rage ou ne sont pas susceptibles de la transmettre. Mais de grâce éteignez les feux de forêts canadiens qui  émettent par le biais de la tourbe en combustion l’équivalent annuel de dix années d’émanations mondiales de carbone et contribuent à nos étés de plus en plus torrides. 

* Médecin de libre pratique.

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