Janes prévoit des tensions en Tunisie lors des présidentielles  

Dans un rapport publié le 2 septembre et consulté le 20 septembre 2024, Janes, site web britannique spécialisé dans le renseignement de défense open source, estime que l’élection présidentielle tunisienne du 6 octobre prochain «constitue un point chaud pour les protestations et les tensions». (Illustration : manifestation anti-migrants subsahariens à Jebeniana, Sfax).

«La Tunisie est plongée dans une crise politique prolongée depuis juillet 2021», écrit l’auteur du rapport, James Trigg.

Evaluant les risques entourant l’élection présidentielle, ce dernier n’écarte pas «la perspective de troubles publics, de tensions sociales et de violences à motivation politique.»

«La poursuite des réformes politiques par Saïed a divisé les Tunisiens, ses détracteurs, notamment les politiciens de l’opposition et les acteurs de la société civile, accusant Saïed de coup d’État. L’élection représente une étape cruciale dans sa campagne et un foyer potentiel de frustration et de mécontentement à l’égard de son gouvernement», souligne le rapport.

Janes estime qu’il existe «une possibilité réaliste» que Saïed et son gouvernement invoquent, à l’appui de leurs décisions, «des récits populistes, tels que les menaces pour la stabilité sociale tunisienne posées par des individus anonymes qui spéculent sur les denrées alimentaires, l’influence des puissances étrangères et des migrants subsahariens, et les risques que cela représente pour provoquer des tensions sociales et des violences sectaires».


Manifestations et émeutes relatives aux réformes politiques du président Saïed (juillet 2021-août 2024).
Protestations et émeutes relatives aux réformes politiques de Saied comparées au total des protestation et émeutes en Tunisie, de juillet 2021 à août 2024.

Janes estime qu’«il existe une possibilité réaliste de voir la colère et le mécontentement populaires à l’égard des réformes politiques de Saïed se manifester par d’importantes manifestations, principalement à Tunis pendant les élections.» Mais il s’empresse de préciser, comme pour tempérer ses prévisions quelque peu pessimistes : «Ces problèmes ne risquent de s’étendre géographiquement que s’ils se confondent avec les préoccupations plus localisées des Tunisiens, qui ont été la cause prédominante des manifestations en dehors de Tunis.»

I.B.