Tunisie : un serpent de mer nommé «nouveau code des changes»

Cela fait de nombreuses années que l’on parle d’un nouveau code des changes et qu’on promet sa promulgation dans les six mois à venir. Au moins trois chefs de gouvernement et autant de ministres des finances s’y sont attelés, et pourtant ce texte continue de dormir dans les tiroirs de ces chers bureaucrates qui roupillent dans leurs bureaux chauffés l’hiver et climatisés l’été.  

Le dernier chef de gouvernement à parler de ce serpent de mer *, c’est Kamel Maddouri, l’actuel locataire du Palais de la Kasbah, qui a déclaré, ce samedi 19 octobre 2024, au palais du gouvernement, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la cérémonie de distinction d’un groupe de jeunes startuppeurs, que le nouveau code des changes sera bientôt révisé, rapporte Mosaïque FM. Bientôt? Révisé?

Cela veut dire, si on a bien compris, que ce texte que l’on disait fin prêt depuis le milieu de l’année 2023 devra encore attendre quelque temps avant de quitter la Kasbah (siège du gouvernement) pour le Bardo (siège du parlement) puis pour Carthage (siège de la présidence de la république) pour être promulgué, ratifié et publié sur le Journal officiel.

Cela veut dire aussi que ces jeunes startuppeurs, dont les activités sont handicapées par un code des changes vétuste et obsolète, vont devoir attendre quelques semaines, quelques mois voire quelques années, au rythme où vont les choses dans notre cher pays, pour se voir enfin «libérés» de certaines contraintes légales qui leur font perdre, ainsi qu’au service des impôts, des centaines de millions de dinars chaque année. Quel gâchis !

Pourquoi ce retard et cette perte de temps et d’argent ? Est-ce parce que certaines parties au sein de l’administration publique, qui sont attachées à leurs prérogatives ou qui profitent de la situation actuelle, font pression pour vider le texte en chantier de toute sa portée révolutionnaire et innovante ? In est tentés de le penser…

Parmi les autres sujets évoqués par le chef du gouvernement par la même occasion, la digitalisation complète du processus de création d’entreprises et le lancement du programme Étudiant entrepreneur, permettant aux étudiants de créer des projets innovants, entre autres «serpents de mer» dont nous autres journalistes sommes gavés.

La cérémonie, qui s’est tenue en présence de plusieurs ministres, a récompensé des jeunes et des startups pour leur réussite dans des compétitions internationales dans le domaine de l’innovation.

L’association Enactus Tunisia, l’Equipe nationale de robotique et d’intelligence artificielle et le programme Graines d’entrepreneurs ont été distingués, ainsi que les startups AquaDeep, Watersec, Bionic Soul, Gewinner, Chitelix, Kaoun, Flouci, Historiar, Polychatea (Tunisia Baits), DeepVolt, Enova Robotics.

I. B.

* Cette expression désigne un sujet rebattu ou une information qui revient régulièrement dans les médias surtout sans jamais trouver d’aboutissement.

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