L’Europe paie le prix de son soutien aveugle à l’Ukraine

Le conflit russo-ukrainien n’aurait jamais eu lieu sans le soutien militaire et financier de l’Europe. 300 milliards de dollars d’avoirs russes gelés vont permettre à l’Ukraine d’obtenir un méga prêt de 50 milliards d’ici fin 2024. C’est ce qui a été décidé à Fasano, en Italie, lors de la réunion des pays du G7 du 13 au 15 juin 2024. Sur instructions des Américains, l’Union européenne (UE) a tout fait pour faire durer cette guerre afin déstabiliser la Russie. Mais c’est elle qui, jusque-là, en est sortie affaiblie voire marginalisée sur le plan géostratégique.

Habib Glenza

Zbigniew Brzezinski, politologue américain connu pour avoir été l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter dans les années 80 et grande figure de la politique étrangère américaine, révélait dans son fameux livre ‘‘Le grand échiquier’’, paru en 1997, la stratégie géostratégique des Etats-Unis. Il y écrivait notamment: «L’élargissement de l’Europe et de l’Otan serviront les objectifs, aussi bien à court terme qu’à plus long terme, de la politique américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de l’influence des USA, et avec l’admission de nouveaux membres venus de l’Europe de centrale, multiplierait le nombre d’États pro-américains au sein des conseils européens, sans pour autant créer une Europe assez forte et intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les Etats-Unis dans les régions stratégiques, comme le Moyen-Orient».

Pour une Russie, qui a perdu une part importante de son territoire et de ses populations, Brzezinski préconise sa partition en trois États : une Russie européenne, une république de Sibérie et une république extrême-orientale.

La Russie européenne devait adhérer à l’UE, ainsi elle serait neutralisée, tandis que la république de Sibérie et la république extrême-orientale pourraient soit tomber sous influence américaine ou servir de monnaie d’échange dans des discussions futures avec la Chine ou l’Iran.   

Le livre de Brzezinski prouve d’une manière très claire et sans équivoque que l’option du conflit russo-ukrainien était planifiée de longue date par les Américains après la chute de l’URSS!

Implication non-constructive de l’UE dans le conflit

Pour beaucoup d’analystes, il ne fait aucun doute que le conflit russo-ukrainien a été planifié bien avant le démembrement de l’URSS en 1990 et surtout après les accords de Minsk I et II en 2014 et 2025.

Les Occidentaux ont poussé l’Ukraine à ne pas reconnaître ces accords en contrepartie d’une promesse d’adhésion à l’UE et à l’Otan, sans réfléchir aux lourdes conséquences d’un conflit qui peut dégénérer en une guerre mondiale nucléaire! Il est difficile de comprendre la naïveté du gouvernement de Kiev et l’obstination des Occidentaux à vouloir déstabiliser la première puissance nucléaire mondiale. 

Pour Poutine, l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan signifierait non seulement mettre en danger la sécurité de la Russie mais aussi son existence. En effet, un missile balistique à tête nucléaire peut atteindre Moscou en 5 minutes et les conséquences en seront apocalyptiques! 

Il faut se rappeler qu’en 1962, un pareil conflit a opposé l’URSS et les Etats-Unis, au sujet des missiles nucléaires russes installés à Cuba, suite à l’intervention militaire des Etats-Unis contre ce pays. En riposte, les Américains ont installé leurs missiles nucléaires en Turquie et en Italie. Finalement, un accord a été trouvé pour éviter le pire. L’URSS a retiré certains missiles de Cuba, en échange du retrait  de certains missiles de Turquie et d’Italie ainsi que d’une promesse des USA de ne plus envahir Cuba. La sagesse de Nikita Khrouchtchev et John Kennedy ont permis au monde d’éviter un affrontement nucléaire et la mise en place d’un téléphone rouge reliant directement la Maison Blanche au Kremlin afin d’éviter qu’une crise de ce genre ne débouche sur une impasse diplomatique voire un conflit militaire aux conséquences désastreuses pour l’humanité

La crise des missiles de Cuba montre à quel point une superpuissance est disposée à déclarer la guerre à toute autre puissance qui veut mettre en danger sa sécurité ou son existence. Aujourd’hui, c’est le conflit russo-ukraino-otanien, Demain, ça sera un conflit militaire sino-taïwano-otanais, etc.   

Minsk I et II, jeu de dupe : les aveux de Angela Merkel

Dans une interview accordée au journal Die Zeit, le 14 décembre 2022, Angela Merkel fait un aveu fracassant : «L’accord de Minsk de 2014 et 2015 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle a d’ailleurs  utilisé ce temps pour se renforcer, comme on peut le constater aujourd’hui. L’Ukraine de 2014-2015 n’est pas l’Ukraine moderne. Comme on l’a vu début 2015, Poutine aurait pu facilement l’écraser à l’époque.» 

Notons que ces accords de Minsk sont parrainés par l’UE qui a mandaté le président François Hollande et Angela Merkel pour leur co-signature.

Si la guerre se prolonge en Ukraine, c’est la faute des puissances occidentales. Boris Johnson, Premier ministre britannique, et les responsables américains auraient fait échouer un traité de paix que la Russie et l’Ukraine étaient sur le point de conclure au printemps de 2022. 

Les sanctions contre la Russie sont-elles efficaces?

L’économie russe connaît une croissance de 3% en 2023 et 2,6% fin de 2024, dépassant celle du G7 en dépit de plus 16 000 sanctions et de nombreux embargos imposés à la Russie depuis février 2022, selon le FMI.

D’après le journal britannique The Guardian, la Russie a réussi à contourner les sanctions et les embargos en faisant transiter les marchandises importées des pays qui ne lui sont pas hostiles (économiquement parlant du moins) à l’instar de la Chine, de la Turquie, de l’Inde, des Emirats Arabes Unis et d’autres, en contrepartie du gaz et du pétrole russes. Ainsi, 75% des machines-outils et 85% des produits microélectroniques proviennent de Chine. Le bilan commercial des  échanges sino-russes a augmenté de 62% et la Chine est devenue le principal fournisseur de la Russie. Quant aux relations entre les deux pays, elle sont passées d’importantes à stratégiques.

Ces fournitures ont permis à la Russie de produire l’armement militaire  indispensable pour faire la face a une guerre d’usure avec l’Otan.

L’Occident, qui prévoyait l’effondrement de l’économie russe au plus tard fin 2023, a été surpris par le niet russe. Le dicton dit: «Qui sème le vent, récolte la tempête».

L’effondrement de l’économie allemande 

Le sabotage des gazoducs Nord Stream a lieu le le 26 septembre 2022 en mer Baltique, occasionnant d’importantes fuites de gaz. La première sur Nord stream II. Plusieurs heures plus tard, deux autres fuites sont découvertes sur Nord Stream. Il s’agit de l’attaque la plus importante contre les infrastructures européennes depuis la Seconde Guerre mondiale. La fermeture de ces gazoducs et les sanctions sur le gaz et le pétrole russes ont obligé les Européens à acheter le gaz de schiste américain, polluant et qui coûte 5 fois plus que le gaz russe. L’objectif des Américains consistait à faire d’une pierre deux coups: l’effondrement de l’économie russe, l’affaiblissement de celle de l’Allemagne, locomotive de l’UE, et l’arrêt du rapprochement entre l’Europe et l’Allemagne qui commence à préoccuper sérieusement les Américains sur le plan économique.

Privé d’énergie bon marché, l’économie allemande tombe aujourd’hui en récession, avec la fermeture de trois usines Volkswagen en Allemagne, après plus de 80 ans de succès. L’ensemble des industries automobile, métallurgique, chimique et agroalimentaire est en difficulté en raison des prix devenus non-compétitifs, sachant que l’énergie représente entre 35 et 40% dans le coût de production d’un produit. Et me pire est encore à venir, car l’effondrement de l’économie allemande pourrait conduire à l’effondrement de celle de l’UE dans son ensemble.

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