Agressions physiques et sexuelles, torture, froid glacial, brûlure avec l’eau bouillante, gale, et autres maladies, c’est ce que fait subir Israël aux Palestiniens kidnappés à Gaza. Alors qu’officiellement les droits humains sont l’alpha et l’oméga des États occidentaux dans leur relation avec le reste du monde, ceci ne s’applique pas à Israël qui fait subir les pires sévices et crimes de guerre aux Palestiniens sans que cela émeuve outre mesure ces Etats «civilisés». A l’instar du président américain élu Donald Trump, ce qui leur importe c’est uniquement le sort des quelques Israéliens retenus en otage à Gaza; quant aux Palestiniens, ils sont, à leurs yeux, nés pour subir toutes les injustices, souffrir, et se taire.
Imed Bahri
Un nouveau rapport publié par la Commission des affaires des prisonniers et des libérés ainsi que le Club des prisonniers palestiniens, relayé par le journal londonien arabophone Al-Quds al Arabi a documenté de nouveaux témoignages de prisonniers de Gaza après des visites effectuées auprès de 23 d’entre eux dans la prison du Néguev et le camp de Naftali et ce, du 6 au 8 janvier. Ce mois-ci, des informations choquantes ont été publiées notamment sur la torture systématique à laquelle les prisonniers sont soumis.
La Commission et le Club ont confirmé dans ce nouveau rapport que le camp de détention de Sde Teiman n’est plus le seul endroit pour les opérations de torture, y compris les agressions sexuelles. La plupart des prisons et des camps pratiquent le même niveau de brutalité systématique.
Le prisonnier (K.N.), âgé de 45 ans et détenu depuis décembre 2023, témoigne: «Depuis mon arrestation, j’ai été soumis à de violents coups jusqu’à ce que je souffre de fractures au corps dans une tentative d’obtenir des aveux. Je suis resté dans un camp dans la bande de Gaza pendant 58 jours». Il était enchaîné et battu tout le temps, humilié et insulté. «Quand j’ai été transféré à la prison du Néguev, ils m’ont brûlé avec de l’eau bouillante. Les marques de brûlure sont encore visibles sur mon corps. Aujourd’hui, je vis dans des tentes déchirées. Nous souffrons d’un froid glacial et nous mourons de froid et de faim», raconte-t-il
«Je me couche affamé et je me réveille affamé»
Le prisonnier (A.H.), âgé de 21 ans, témoigne: «J’ai été arrêté en février 2024 et transféré dans l’un des camps de la bande de Gaza, et j’y suis resté 12 jours. Par la suite, j’ai été transféré dans un camp à Jérusalem puis à Ofer et ensuite dans le Néguev. Chaque voyage amenait son lot de tourments et aujourd’hui, comme vous pouvez le voir, des furoncles (abcès fermé, volumineux et douloureux dû à un staphylocoque), des blessures et des griffures couvrent tout mon corps. J’ai attrapé la gale. Et chaque jour, je me couche affamé et je me réveille affamé. En plus de cette souffrance, j’ai des problèmes oculaires qui nécessitent un suivi médical. Depuis l’enfance, je ne vois plus avec mon œil droit et aujourd’hui, mon œil gauche est aussi menacé de cécité.»
«Les premiers jours de ma détention ont été terribles, raconte M. H. (21 ans), détenu depuis décembre 2024 J’ai été soumis à la torture et aux mauvais traitements. Ils nous ont battus pendant toute une journée. Ensuite, ils nous ont transférés dans un autre endroit et nous ont uriné dessus puis nous ont transférés dans un camp pendant 27 jours où nous sommes restés debout, les yeux bandés et les mains et les pieds liés. Plus tard, Nous avons été transférés à la prison du Néguev et aujourd’hui nous vivons sous la torture et nous subissons une mort lente 24 heures/24.»
L’avocat qui a rendu visite à ce prisonnier a souligné que M. H. était vêtu d’un morceau de tissu déchiré de ses vêtements d’été, qu’il tremblait de froid et que la gale couvrait son corps.
«On grelotte de froid le jour et la nuit.»
Le prisonnier Kh. J n’a pas été épargné, lui non plus, des mauvais traitements réservés à ses compatriotes. Il raconte: «Au début de notre détention, nous vivions un enfer et nous ne connaissions rien de notre sort et de notre statut juridique. Nous avons subi toutes les formes d’agressions, de torture et de privations. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la faim car les quantités de nourriture qu’on nous donne sont très faibles et impropres à la consommation humaine. La majorité des prisonniers ramassent des morceaux de nourriture pour pouvoir manger un repas par soir et depuis notre arrestation, nous sommes privés de sucre et de sel et aujourd’hui nous souffrons de conditions de détention difficiles et sommes privés de tous les besoins fondamentaux de la vie.»
Le prisonnier M. A., âgé de 25 ans, raconte: «J’ai été arrêté par l’armée d’occupation dans une école, j’ai été battu, déshabillé et interrogé sur place. J’ai été ensuite transféré dans l’un des camps autour de Gaza puis dans un camp de Jérusalem où j’étais menotté et j’avais les yeux bandés. J’ai été transféré à la prison d’Ofer puis à celle du Néguev. Aujourd’hui, la plupart des prisonniers souffrent de fatigue et d’amaigrissement et notre se détériore au fil des jours. Beaucoup d’entre nous perdent souvent conscience. Les conditions sont très difficiles. Les prisonniers ont faim, sont malades et grelottent de froid le jour et la nuit.»
Le prisonnier M.D., a raconté ceci à son avocat: «J’ai été arrêté dans un camp où j’étais accompagné de ma famille. J’ai été transféré dans un camp aux alentours de Gaza. Après quelques jours, j’ai été transféré à la prison du Néguev. À cause des coups violents que j’ai subis, j’ai perdu mon œil en plastique et aujourd’hui, j’ai un creux à la place de l’œil. Et les soldats ne se sont pas arrêtés là, ils m’ont aussi pris mes lunettes.»
Dans leur rapport, la Commission des affaires des prisonniers et du Club des Prisonniers a indiqué que les témoignages des détenus dans le camp de Naftali évoquent le même niveau de brutalité pratiqué par le système carcéral israélien dans d’autres prisons avec des différences très limitées. Les détenus se concentrent principalement sur la première étape de l’arrestation et des interrogatoires qui ont occupé la plus grande partie de la discussion sur la torture et les abus qu’ils ont subis. Les prisonniers souffrent principalement de privation de soins médicaux. L’un d’eux est atteint d’un cancer et a besoin de soins spécifiques. Un autre a perdu tous les membres de sa famille et il lui a été difficile de témoigner : la visite s’est terminée dans les larmes.
Le rapport indique que les récits et témoignages des prisonniers de Gaza représentent un changement significatif dans le niveau de brutalité du système d’occupation qui reflète un niveau sans précédent de crimes de torture, d’abus et de famine, en plus des crimes médicaux systématiques, des sévices sexuels ainsi que l’utilisation des prisonniers comme boucliers humains.
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