Projet de réponse du Guide suprême d’Iran au président américain Donald Trump

On rapporte que le président Donald Trump aurait adressé une lettre au Guide suprême de la République islamique d’Iran, Ali Khamenei, abordant notamment la question du programme nucléaire iranien et les tensions entre les deux nations. Voici un projet de réponse, rédigé dans l’esprit des grandes correspondances diplomatiques d’antan, dont les autorités iraniennes pourraient s’inspirer.

Khémaïs Gharbi

Au Très Honorable Président des États-Unis d’Amérique Sa très haute

Excellence Monsieur Donald Trump.

Que la paix soit sur celui qui recherche la paix, que la sagesse éclaire celui qui détient le pouvoir, et que la bénédiction divine accompagne votre nouveau mandat, afin que les sentiments de justice et de concorde prévalent sur les froids calculs de la politique.

Votre noble missive, monsieur le Président nous est parvenue, et elle a été reçue avec l’attention qui sied aux paroles d’un chef d’État dont l’influence s’étend aux confins du monde. Il est vrai que l’Amérique, par sa puissance et son rôle prééminent dans l’ordre international, façonne bien des destinées et oriente ou apaise bien de tempêtes. Sachez que notre inclination naturelle est à la paix, à la coopération entre les nations et à la stabilité des peuples. Hélas, les chemins de l’Histoire, pavés d’occasions manquées et d’incompréhensions, ont trop souvent éloigné nos nations, là où la raison et l’intérêt des peuples eussent commandé leur rapprochement.

Des nations livrées à la brutalité des armes

Votre sollicitude à l’égard de notre nation et votre insistance sur la question de notre souveraineté militaire ne nous échappent point. L’Iran, terre de civilisation plusieurs fois millénaire, n’a jamais cherché à s’armer au-delà de la mesure que lui impose la nécessité de sa propre sécurité. Or, permettez-moi de vous le dire avec la franchise qui sied aux échanges entre hommes d’État : si l’inquiétude devait guider notre jugement, elle ne trouverait pas sa source dans nos propres décisions, mais bien dans l’ordre instable qui règne autour de nous.

Car enfin, Monsieur le Président, quel peuple pourrait demeurer sans crainte lorsqu’il voit, autour de lui, des nations livrées aux flammes des guerres, des frontières effacées par la brutalité des armes, et des États entiers transformés en champs de ruines sous les coups de forces étrangères agissant en toute impunité? Quel dirigeant responsable pourrait demeurer inactif lorsque, non loin de ses terres, d’autres peuples sont dépossédés de leur patrie, déplacés, relégués à la souffrance dans l’indifférence des grandes puissances, et cela au mépris même des lois que ces puissances ont pourtant érigées en principes universels?

Vous le savez, l’Histoire retiendra que la sécurité ne peut être fondée sur la crainte imposée aux autres. Elle ne peut naître que d’un équilibre juste et d’une garantie mutuelle de respect et de souveraineté. La stabilité dans notre région ne saurait être assurée tant qu’un seul État, fort de votre soutien indéfectible, Israël en l’occurrence, s’arroge le droit de violer impunément toutes les résolutions internationales qui ne lui conviennent pas et de bouleverser, par la force, l’ordre des nations.

La paix n’est pas l’unilatérale renonciation

Si votre dessein est véritablement d’apaiser les tensions, alors sachez que la main de l’Iran n’a jamais tremblé lorsqu’il s’est agi d’œuvrer pour la paix. Mais la paix, Monsieur le Président, n’est pas l’unilatérale renonciation d’un peuple à ses droits légitimes ; elle est l’édification d’un ordre fondé sur la justice, où aucun État ne s’érige en arbitre absolu du sort des autres.

L’histoire jugera nos actes, et la postérité se souviendra des décisions que nous aurons prises. Puissiez-vous entendre la voix de la sagesse, et puisse votre nation, qui s’enorgueillit de ses principes, redevenir un artisan de stabilité pour tous, et non une source de déséquilibre pour certains ni une garantie d’impunité permanente pour un seul autre.

Le peuple iranien, riche de son histoire et de sa sagesse, ne souhaite au peuple américain que bonheur et prospérité. Car nous savons que la grandeur d’une nation ne se mesure pas seulement à sa puissance, mais à sa fidélité aux valeurs qui l’ont fondée. La grandeur de l’Amérique n’est pas contradictoire avec la justice et l’équilibre entre les nations ; au contraire, elle s’y épanouit pleinement. Mais comment votre nation pourrait-elle véritablement se consacrer à sa propre renaissance si un seul État, Israël faut-il vous le rappeler, animé par des desseins belliqueux, détourne inlassablement votre engagement et vos ressources au profit de sa seule expansion territoriale? Si vous aspirez sincèrement à rendre sa grandeur à l’Amérique, alors il vous appartient d’empêcher que d’autres ne la confisquent à leur seul bénéfice.

Puisse l’Auteur des destinées accorder à votre nation sagesse et clairvoyance, et faire de votre mandat un temps où la justice l’emporte sur la discorde, où la grandeur se conjugue avec l’équité, et où chaque peuple trouve sa place dans l’harmonie des nations.

Fait à Téhéran, en l’an…

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