Le limogeage de Kamel Maddouri et son remplacement par Sarra Zaafrani Zenzeri, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mars 2025, a été précédé par une réunion du Conseil de sécurité nationale, au Palais de Carthage, au cours duquel le président de la République a parlé de «complots contre l’invulnérabilité de la Tunisie» et de «bandes criminelles qui opèrent dans plusieurs services publics à travers des agents à leur solde». Vidéo.
«Il est grand temps que chacun assume ses actions et soit responsable de tous ses choix, quel que soit son poste», a lancé le chef de l’Etat, en pointant les lobbys de la corruption et leurs agents qui chercheraient aujourd’hui à infiltrer le Palais de la Kasbah pour étendre leur influence, oubliant que la mission du gouvernement, du Premier ministère et du Secrétariat d’Etat à la présidence consiste à aider le chef de l’Etat, seul maître à bord, dans l’exercice de sa fonction exécutive.
Difficile de ne pas lire dans les déclarations du président de la république une accusation adressée au chef du gouvernement, présent dans la réunion, et qui allait être limogé quelques heures plus tard, de s’être détourné de la politique générale de l’Etat définie par le locataire du Palais de Carthage.
Evoquant certains faits divers qui se sont succédé la veille du mois de Ramadan, tels les cas de suicide et d’empoisonnement, de bouclage des routes par des manifestants, et de pénurie de certains produits de base, le chef de l’Etat a estimé qu’ils font partie d’un complot contre l’Etat et contre sa propre personne, d’autant que, selon lui, ils avaient lieu «au moment se tenait une réunion dans une capitale occidentale en présence de plusieurs personnes» et que «débutait à Tunis les audiences dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’Etat», impliquant de nombreux opposants.
Kaïs Saïed reproche-t-il au chef du gouvernement, présent dans la réunion du conseil de sécurité nationale, et qu’il allait limoger quelques heures plus tard, d’avoir mal géré tous ces événements, d’avoir failli dans l’application des instructions présidentielles ou même d’avoir été complice de certains lobbys de corruption ? On pourrait le penser, en attendant des éclaircissements à ce propos de la part de la plus haute autorité de l’Etat.
I. B.
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