Récemment, un ami m’a interrogé sur une coutume que j’ignorais totalement : «haq el-melh» ou droit du sel. Curieux, j’ai entrepris quelques recherches et découvert que cette tradition, encore vivace au Maghreb, existe également en Tunisie. Pourtant, bien que né dans ce pays, je n’en avais jamais entendu parler avant cette année 2025 – ce qui m’a amené à réfléchir sur la transmission et l’évolution des coutumes.
Khemaïs Gharbi *

Le terme «sel» dans cette expression ne fait pas référence à l’aliment en lui-même, mais plutôt à la relation de vie commune entre époux. Offrir ce présent à sa femme le jour de l’Aïd El-Fitr est une façon de reconnaître et de célébrer le lien qui unit le couple. D’ailleurs, certains récits expliquent que la coutume tire son nom du fait que l’épouse, durant le Ramadan, goûte l’assaisonnement des plats sans avaler, afin de s’assurer de leur équilibre, malgré son propre jeûne.
Un rituel de l’Aïd El-Fitr
Le jour de l’Aïd El-Fitr, la femme se pare de ses plus beaux habits, parfume sa maison avec de l’encens et la prépare pour accueillir son mari au retour de la prière. Elle lui sert alors du café accompagné des traditionnelles pâtisseries de fête. Mais la particularité de cette tradition réside dans la tasse de café : elle ne doit jamais être rendue vide. Après l’avoir bue, le mari y dépose un présent – en fonction de ses moyens.
Ce geste simple et symbolique rappelle d’autres traditions dans le monde, comme offrir des fleurs à la Saint-Valentin en Europe. Finalement, il s’agit d’un moment de gratitude et d’attention mutuelle au sein du couple, ce qui en fait une coutume plutôt charmante.
Tradition, liberté et polémiques inutiles
Libre à chacun de respecter ou non cette tradition. Ce qui est regrettable, c’est que certaines pratiques culturelles deviennent des sujets de discorde. Comme souvent, les extrémistes des deux camps en profitent pour instrumentaliser ces coutumes, mêlant religion, politique et crispations inutiles. Pourtant, nous avons déjà bien assez de divergences pour ne pas y ajouter son «grain de sel» supplémentaire.
Finalement, le droit du sel n’est ni une obligation ni un dogme. C’est juste une belle manière d’exprimer son affection, un simple geste qui, s’il est pratiqué, ne peut qu’ajouter un peu de douceur dans les foyers. Alors pourquoi pas ?
* Ecrivain et traducteur.
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