Après la polémique autour de la prière collective dans la cour d’un établissement scolaire public à Hammamet, la société civile n’a pas manqué de faire entendre sa voix, contrairement aux autorités publiques (présidence de la république, gouvernement et ministère de l’Education) qui observent un étrange silence dont on ne sait pas s’il traduit de l’embarras ou un accord tacite avec les agitateurs religieux qui sont derrière cette affaire.
Réagissant à la demande de salles de prière dans les écoles présentée notamment par un groupe d’avocats dont la tendance islamiste ne fait pas de doute, la Fédération générale de l’éducation, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a pris position en faveur du personnel éducatif, dénonçant «les pressions, les actes de désobéissance et les manifestations violentes» dans les écoles.
Cette position a été exprimée après les manifestations qui ont éclaté à Hammamet, où des lycéens ont interrompu les cours pour prier et réclamé des espaces dédiés à la prière au sein de l’établissement.
Ce week-end, le bureau régional de Nabeul de la Fédération de l’enseignement secondaire a publié un communiqué condamnant fermement les incidents signalés dans plusieurs lycées de la délégation de Hammamet. Le texte cite deux incidents : une polémique autour de la prière dans un établissement et une manifestation contre le directeur du lycée Atef Chaieb suite à l’exclusion temporaire d’un élève. Il affirme son «soutien inconditionnel» au personnel enseignant. Le syndicat critique également le «refus de dialogue» de la part du ministère de l’Éducation, demandant une enquête pour déterminer les responsabilités.
Les syndicats soulignent par ailleurs la nécessité de préserver la neutralité du milieu scolaire et d’empêcher toute instrumentalisation de l’affaire. Ils dénoncent également une «campagne de diffamation» sur les réseaux sociaux visant les responsables du collège Taieb Bachrouch, exhortant le personnel à rester uni «pour défendre le service public» et se déclarant prêts à recourir à une nouvelle mobilisation si nécessaire.
La réponse des syndicats déplace ainsi l’attention de l’incident lui-même vers le cadre institutionnel. En toile de fond, ils soulignent la nécessité de concilier liberté de culte et neutralité de l’école, et appellent au rétablissement d’un climat de dialogue et de règles claires, en commençant par une enquête impartiale sur les événements de Hammamet.
I. B.
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