Tout est fermé ce mardi 21 octobre 2025 à Gabès en raison d’une grève générale régionale à laquelle a appelé par l’Union régionale du travail (URT), relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour dénoncer la crise environnementale provoquée par les émissions toxiques des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) et exiger des mesures immédiates de protection de l’environnement et de la santé publique.
La décision a été prise samedi dernier par la commission administrative de l’UGTT de Gabès, qui s’est réunie d’urgence suite aux marches de protestation de la population qui ont commencé le 27 septembre et se poursuivent encore aujourd’hui.
Selon l’URT de Gabès, la grève touche l’administration, les entreprises publiques et privées, ainsi que le secteur de l’éducation. Seuls les services essentiels, notamment les urgences hospitalières, restent assurés.
Le secrétaire de l’UGTT de Gabès, Salaheddine Ben Hamed, a précisé que la grève est «un moyen, et non une fin» et que la structure syndicale reste en réunion permanente dans l’attente de décisions concrètes pour la région.
Ces dernières semaines ont été marquées par une hausse des émissions toxiques, des hospitalisations pour problèmes respiratoires et des manifestations massives exigeant la fermeture ou le déplacement des unités les plus polluantes du GCT, notamment celles qui déversent du phosphogypse en mer.
Ces derniers jours, des milliers de personnes sont descendues dans la rue et les agents de sécurité ont fait un usage intensif de gaz lacrymogènes, ce qui a contribué à dégrader davantage le climat social. Pour ne rien arranger, des dizaines de personnes ont été interpellées, dont de nombreux mineurs, et certains mis en détention et poursuivis en justice.



Le gouvernement a réagi par une série d’annonces et une séance parlementaire consacrée à la crise. Hier, à l’Assemblée, les ministres de la Santé et de l’Équipement ont présenté des mesures d’urgence et une feuille de route pour achever six projets inachevés, identifiés comme à l’origine de la dégradation environnementale. Parmi ces mesures, la suspension des rejets de phosphogypse directement en mer. Mais la confiance semble rompue avec un gouvernement qui est longtemps resté insensible aux souffrances de populations excédées et qui exigent désormais la fermeture immédiate des usines polluantes, car elles ne croient plus aux promesses de l’Etat.
Des organisations nationales et des associations professionnelles soutiennent les revendications environnementales, des habitants de Gabès avec des appels à des marches pacifiques et à des sit-in. Le réseau de taxis de la ville a publié une déclaration de soutien, tandis que les avocats ont annoncé des initiatives parallèles. Et la tension ne semble pas près de tomber.
L. B.
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