La posture américaine et précisément celle de l’administration Biden concernant tout d’abord les crimes de guerre et le génocide israéliens perpétrés à Gaza et ensuite la vision du conflit israélo-palestinien qui exige une lecture qui mette les points sur les i.
Par Chedly Mamoghli *
Les Américains refusent catégoriquement le cessez-le-feu, soutiennent diplomatiquement Israël (sur la scène internationale et spécifiquement à l’Onu avec le veto au Conseil de sécurité qui bloque tout projet de résolution qui gène et qui ne plaît pas aux Israéliens), le financent (plus de 15 milliards de dollars), lui livrent l’armement** avec lequel le génocide est perpétré, mobilisent les avions de reconnaissance dans l’espace aérien de Gaza pour collecter les informations, mettent à sa disposition des officiers de différents grades dont des généraux 4 étoiles pour le conseil et l’encadrement militaire, et après tout cela, ils disent : «Il ne faut pas cibler les civils». Le summum de l’hypocrisie, du cynisme et de la mauvaise foi !
Une flagrante mauvaise foi
Mais des «sachants» disent sérieusement: «Non, non! Les Américains ne sont pas d’accord avec les Israéliens. Ils font pression sur eux.» Ces gens sont naïfs et superficiels et pensent que l’un est gentil et l’autre méchant alors qu’ils sont complémentaires et qu’Israël n’aurait pas pu perpétrer ses crimes de guerre et son génocide à Gaza sans le soutien américain multiforme précédemment décrit.
Les officiels américains ne cessent de répéter: «Israël a le droit de se défendre. Un cessez-le-feu signifie la victoire des terroristes (terme par lequel ils désignent le Hamas)». C’est clair, ils sont pour la poursuite de cette guerre et une guerre dans un milieu urbain densément peuplé ne peut que tuer un nombre très élevé parmi la population civile. Par conséquent, refuser le cessez-le-feu tout en disant: «Il ne faut pas cibler les civils» est de la pire démagogie et n’a aucun sens. C’est prendre l’opinion publique mondiale pour une imbécile.
Autre élément qui montre la mauvaise foi de cette administration est sa vision du conflit israélo-palestinien. Après 30 ans et après avoir laissé les Israéliens la compromettre, la torpiller, la tuer et la liquider, soudainement suite à l’opération Déluge d’Al-Aqsa et de l’offensive israélienne sanglante sur Gaza, les Américains se sont rappelés soudainement et comme par magie de «la solution des deux États». Où et comment cet État palestinien est-il possible? Sur la lune?
Deux Etats, oui, mais quand et où ?
Avec près de 150 colonies en Cisjordanie (dont certaines sont gigantesques et ressemblent à des villes) et 500 000 colons selon les estimations officielles alors que les chiffres réels sur le terrain font état de 850 000 colons, avec des routes exclusivement consacrées à ces derniers, avec le mur de Sharon construit sur le territoire palestinien et ayant ainsi grignoté encore plus de ces territoires… Et bien, dans ce cas, que reste-il aux Palestiniens? Sans parler des expéditions punitives et des pogroms quotidiens perpétrés par les gangs de colons armés qui empêchent les Palestiniens de faire leurs récoltes et qui les leur volent quand elles sont faites, qui expulsent des Palestiniens de leurs maisons, de leurs terres et de leurs villages, qui barrent la route aux enfants pour qu’ils ne se rendent pas à leurs écoles et qui les menacent. Le déplacement forcé des populations civiles en Cisjordanie est une réalité quotidienne. Les gangs des colons terroristes appliquent aujourd’hui exactement les mêmes méthodes appliquées jadis par les gangs sionistes tels que la Haganah, le Lehi (communément appelé Stern) et l’Irgoun entre 1920 et 1948.
Également, dans l’idéologie sioniste, ils considèrent que tout le territoire de la Palestine historique leur appartient, qu’il n’est pas à partager et que le cœur d’Israël n’est pas Tel Aviv, Haïfa ou Ashkelon mais la Cisjordanie qu’ils appellent la Judée-Samarie.
Les Américains connaissent tous ces éléments et savent pertinemment que le mouvement sioniste qu’ils soutiennent depuis Harry Truman n’acceptera jamais pour les raisons invoquées la création d’un État palestinien et que les gouvernements israéliens successifs l’ont rendu impossible mais malgré cela, M. Biden et son administration évoquent cyniquement la «solution à deux États». Encore de la mauvaise foi!
Avec son soutien aveugle et inconditionnel à Israël, Joe Biden va perdre le vivier électoral constitué par les musulmans américains et ne gagnera pas une seule voix dans le camp pro-sioniste peu importe le zèle avec lequel il sert Israël parce que ce camp votera pour le candidat républicain et qui sera très probablement Donald Trump. En définitive, cet excès de zèle de M. Biden lui coûtera sa réélection.
* Juriste.
** Armement livré à Israël par les États-Unis: 2 000 missiles Hellfire à guidage laser, 36 000 obus d’artillerie de 30 mm tirés par des hélicoptères Apache, ainsi que 1 800 missiles perforants M141, en plus de 57 000 obus de char de 155 mm.
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