Aziz Mahdaoui, le fils de la patronne, est au four et au moulin.
Le temple de l’art culinaire tunisien est un petit restaurant populaire au cœur de la médina de Tunis, dirigé par une femme énergique.
Par Jamel Dridi
Alors que l’auteur de ces lignes, suite à un article paru sur ‘‘Les Echos’’, il y a quelques temps, discutait sérieusement du potentiel économique, humain, touristique, etc., de la Tunisie avec un directeur de banque française, ce dernier embraya de manière inattendue sur un autre sujet, celui de la richesse culinaire tunisienne et de citer le restaurant Mahdaoui, situé en plein coeur de la médina de Tunis, à quelques dizaines de mètres de l’historique mosquée Zitouna.
C’est pour le moins étonnant, non pas parce que ce restaurant n’est pas bon. Bien au contraire. L’auteur de ces lignes s’y étant régalé plusieurs fois, mais parce que cette quasi-gargote soit autant connue en dehors des frontières tunisiennes.
En réalité, une petite recherche sur Google permet de comprendre que ce petit restaurant, qui ne communique pourtant pas, est en fait une star des guides touristiques.
Pourtant, encore une fois, de l’extérieur, l’établissement n’interpelle pas vraiment.
Situé en plein coeur d’un souk très passant et parfois bruyant, doté de petites tables extérieures assez rudimentaires, d’une toute petite surface interne qui s’étire en longueur, à première vue, on pourrait dire qu’il n’est qu’une gargote de plus comme on compte beaucoup Tunis.
Mais ce serait une terrible erreur de diagnostic. Le restaurant est quasiment une success story quotidienne. Aziz (en photo) le fils de la patronne, Mme Mahdaoui, nous explique qu’il sert entre 200 et 300 couverts par jour (à midi uniquement !), et que, parfois, il est en rupture de stock avant la fermeture.
L’un des secrets de ce trésor caché de Tunis repose dans la qualité et la fraîcheur de ses plats, typiquement tunisiens et préparés à l’ancienne.
Carlo Peloso, le patron d’une d’entreprise italienne basée en Tunisie, y vient souvent en famille.
La carte est simple et repose uniquement sur 6 ou 7 plats emblématiques. Entres autres, le fameux couscous au poisson, le tajine bien de chez nous (à ne pas confondre avec le plat marocain du même nom), la demi-tête de mouton farcie, le poulet rôti ou farcie. Tous ces plats sont servis accompagnés de sauces et salades tunisiennes succulentes et de quelques frites maisons.
Et la qualité, tant visuelle que gustative, est au top et beaucoup de clients, étrangers ou tunisiens, terminent les plats avec les doigts. Certains saliveront peut-être à l’image du fameux couscous au poisson. Et, cerise sur le gâteau, le service est efficace et rapide. A vrai dire, les serveurs, tous de sexe masculin, n’ont pas le choix. Sous un visage souriant, Mme Mahdaoui, à la voix qui porte et en bon chef d’orchestre sait leur faire garder le rythme en cas de relâchement. Avec encouragement mais en y mettant les décibels, elle manage le groupe efficacement et, surtout, donne l’exemple, en mettant la main à la pâte, en préparant ou servant les plats elle-même.
Et tout cela doit coûter cher, nous direz-vous, vu que le restaurant est situé en plein coeur touristique de la médina.
Loin s’en faut et c’est une autre bonne surprise de ce restaurant. L’assiette de poulet rôti commence à 7 dinars tunisiens (environ 3 euros) et le plat le plus cher, l’indétrônable couscous au poisson, est à seulement 15 dinars (6 euros).
Carlo Peloso, Pdg d’une importante entreprise italienne en Tunisie, présent ce jour-là, ne cache pas sa satisfaction. Attablé en famille, il attend tout sourire l’arrivée des plats commandés.
Originaire d’un pays, l’Italie, où bien manger est un art, voire une religion, il confirme la qualité du restaurant.
Qualité, propreté, compétitivité, efficacité et management à la Tunisienne (un pour tous, tous pour un) sont peut-être les raisons de l’intriguant succès du restaurant Mahdaoui.
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