Le vice-grand imam de la mosquée Al-Azhar (Egypte) s’est joint à ceux qui s’opposent à la proposition du président Caïd Essebsi d’instaurer l’égalité dans l’héritage entre les deux sexes.
Cheikh Abbas Chouman a, en effet, réagi violemment, dans une déclaration aux médias, lundi 14 août 2017, contre le discours du président de la république tunisienne, Béji Caid Essebsi, prononcé la veille, à l’occasion du 60e anniversaire de la journée nationale de la femme, et où il appelle à consacrer l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme et à autoriser le mariage d’une Tunisienne musulmane avec un non-musulman.
Selon Cheikh Chouman, cet appel est dangereux en ce qu’il porte atteinte à la charia (règles doctrinales édictées par le Coran), car, explique-t-il, les versets coraniques concernant l’héritage sont claires en donnant à la femme la moitié de la part de l’homme et n’autorisent pas l’interprétation.
«Cet appel à l’égalité dans l’héritage entre les 2 sexes est une injustice envers la femme. Le coran n’a jamais été injuste envers la femme comme le pensent certains», a encore indiqué le vice-grand imam d’Al-Azhar, sans préciser en quoi l’islam a-t-il été juste avec la femme.
Evoquant la question du mariage d’une musulmane avec un non-musulman, Cheikh Chouman a indiqué qu’un non-musulman ne tolérera pas les pratiques religieuses de son épouse, ce qui provoquerait des problèmes au sein du couple. «C’est pour cela qu’il est essentiel qu’une musulmane ne se marie qu’avec un homme de sa confession», a-t-il précisé.
Par ailleurs, le syndicat des imams tunisiens s’est opposé, lui aussi, aux propositions de M. Caid Essebsi. Fadhel Achour, secrétaire-général de ce syndicat, a exprimé, dans une déclaration à Shems FM, hier, son opposition au contenu du dernier communiqué du mufti de la république, Othman Batikh, appuyant les propositions présidentielles, et demandé à ce dernier de démissionner.
Selon M. Achour, les propositions du chef de l’Etat entrent dans le cadre d’une campagne électorale prématurée, laissant entendre que M. Caïd Essebsi cherche à s’assurer l’appui des femmes pour les prochaines élections municipales de 2017, et législatives et présidentielles de 2019, sinon pour lui, du moins pour son fils Hafedh Caïd Essebsi, et pour son parti Nidaa Tounes, qui a beaucoup perdu de sa crédibilité depuis son alliance avec le parti islamiste Ennahdha.
E. B. A.
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