L’opération Déluge d’Al-Aqsa constituera un tournant dans le conflit israélo-arabe et sera un moment historique dont chaque dirigeant ou citoyen arabe se souviendra pour très longtemps et ne pourra pas éluder la question «Qu’ai je fait pour soutenir le peuple palestinien et porter assistance à ce peuple martyr en danger d’extinction et de génocide?».
Par Elyes Kasri *
Après la présentation avant-hier, jeudi 11 janvier 2024, à La Haye par les représentants de l’Afrique du Sud d’un réquisitoire magistral contre Israël et hier matin, vendredi 12 janvier, du plaidoyer israélien usé à la corde et qui n’engage que ceux qui veulent bien être bernés par la propagande sioniste et quelle que soit l’issue des délibérations auprès de la Cour Internationale de Justice au sujet du non respect par Israël de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à l’encontre du peuple palestinien à Gaza, il semble de plus en plus évident que l’opération Déluge d’Al-Aqsa constituera un tournant dans le conflit israélo-arabe et sera un moment historique dont chaque dirigeant et citoyen arabe se souviendra pour très longtemps et ne pourra pas éluder la question «Qu’ai je fait pour soutenir le peuple palestinien et porter assistance à ce peuple martyr en danger d’extinction et de génocide?».
À un ami qui m’a fait part de son incompréhension de la position tunisienne à ce sujet et m’a demandé de lui expliquer les raisons de l’abstention tunisienne à la résolution de l’assemblée générale de l’Onu réclamant notamment un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, lors d’une session extraordinaire d’urgence tenue à New York le 12 décembre 2023, et son abstention aussi de tout soutien à la démarche sud-africaine auprès de la Cour internationale de justice, ma réponse a été qu’à l’impossible nul n’est tenu et que je suis heureux tout compte fait d’être un diplomate à la retraite pour des motifs personnels et professionnels.
J’ai omis de lui faire part de ma perplexité et de mon amertume pour des considérations que je garderai pour moi même.
Quand Bourguiba faisait condamner Israël
Cependant, en déposant une plainte auprès du Conseil de Sécurité et en obtenant une condamnation énergique d’Israël le 3 octobre 1985 après l’attaque du siège de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Hammam-Chott, au sud de Tunis, la Tunisie a eu le courage d’affronter l’Etat sioniste sans se cacher dernière des arguments spécieux.
La position courageuse de feu Bourguiba, qui a menacé Washington de rupture des relations diplomatiques en cas de veto américain et des démarches de lobbying de notre ambassade à Washington sous la direction du grand diplomate Habib Ben Yahia a obtenu l’abstention américaine et la condamnation énergique d’Israël par 14 membres du Conseil de sécurité. C’était l’une des très rares condamnations d’Israël par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Cela dit, un grand merci au pays de Mandela. Seuls ceux qui ont longtemps souffert de l’apartheid et ont fini par en venir à bout peuvent mesurer la souffrance qu’il inflige et son caractère maléfique.
Les Arabes pour leur part, toutes obédiences comprises, ne méritent pas le moindre commentaire ou qualificatif.
* Ancien ambassadeur.
Donnez votre avis