Universitaire et ancien haut cadre culturel, Ali Belarbi plaide pour un renouvellement du projet culturel en Tunisie à l’aune des réalisations et des échecs passés.
Par Khémaies Krimi
Ali Belarbi vient de publier, en langue arabe, un ouvrage intitulé : ‘‘Les politiques de la culture que nous voulons’’ (‘‘Siassat Al-thaqafa allati nourid’’).
L’auteur est un universitaire spécialisé dans la sociologie culturelle et ancien haut cadre des départements de la culture et de l’information.
Cet essai, qui revient sur les projets culturels initiés en Tunisie avant et après l’indépendance, interpelle le présent et balise des pistes pour la promotion de l’activité culturelle, à la lumière des changements survenus après le 14 janvier 2011.
La culture au service du développement
Loin d’être un simple travail documentaire, cet essai est un précieux témoignage d’un universitaire et d’un chercheur qui a eu le privilège d’accompagner l’essentiel des politiques menées dans ce domaine et de côtoyer leurs initiateurs.
L’auteur a compartimenté son livre en trois parties. La première traite de l’historique de la politique culturelle en Tunisie et met l’accent sur la relation étroite entre culture et développement. Dans cette optique, Ali Belarbi se réfère à de grands penseurs du XIXe siècle et aux résolutions prises à cette fin par les conférences de l’Unesco à Venise en 1970 et à Mexico en 1982.
La deuxième partie est consacrée à la production culturelle, à l’animation et à la formation. Il y expose tous les produits culturels développés durant la période étudiée (1946-2016). Il s’agit entre autres du patrimoine archéologique, des musées, des festivals et des beaux arts, du livre et de l’édition, ainsi que des structures de formation et d’animation culturelles…
La troisième partie est un témoignage personnel de l’auteur sur l’histoire culturelle de la Tunisie. Il revient sur les réalisations accomplies et non-accomplies des vingt ministres qui se sont succédé à la tête du département ministériel concerné. Il s’attarde, dans ce contexte, sur le parcours des ministres qui avaient des projets pour la culture, s’agissant particulièrement de Chedli klibi, Mahmoud Messadi, Habib Boularès, Mohamed Yalaoui, Bechir Ben Slama et autres Ahmed Khaled…
Les pistes à explorer pour l’avenir
Au rayon des recommandations, Ali Belarbi appelle à une évaluation de l’activité culturelle en Tunisie à l’étude des besoins culturels de la société tunisienne.
Concrètement, il propose la valorisation de la langue arabe en tant que médium de culture et de consécration de l’identité arabo-musulmane du pays. Un projet sur lequel il insiste beaucoup. Il rappelle, à ce propos, que beaucoup d’intellectuels avaient milité, au temps de la colonisation, pour que ce projet voie le jour.
Au nombre des autres propositions figurent la réactivation du Conseil supérieur de la culture et du Fonds de développement culturel, ainsi que la création d’une institution de régulation de la culture à l’instar de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica).
A propos du financement de la culture, l’auteur suggère la création d’une véritable industrie de la culture et l’identification, à cette fin, des niches culturelles qui peuvent faire l’objet d’un investissement lucratif.
Commentant ce livre, l’ancien ministre de la Culture, Bechir Ben Slama souligne, parmi ses qualités, son objectivité tant l’auteur a évité le piège idéologique et réussi à être à une distance égale de tous les responsables tunisiens qui ont contribué à l’enrichissement du projet culturel national. L’ancien ministre a salué également la mention faite dans ce livre des bienfaits de la coopération de la Tunisie avec les pays développés et de son ouverture à la culture universelle.
In fine, nous pouvons dire que ‘‘Les politiques de la culture que nous voulons’’ mérite le détour pour tous ceux qui nourrissent des projets pour le renouvellement socioculturel en Tunisie. Ils y trouveront, en dépit du constat d’échec esquissé en filigrane par l’auteur, un référentiel d’excellente facture pour faire l’économie des erreurs du passé et explorer, avec succès, de nouvelles voies.
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