Houcine Jenayah, Ridha Charfeddine et Zied Jaziri au coeur de la tempête.
Trois jours sont passés depuis la débâcle de Borj El Arab face à Al Ahly (2-6) mais la cacophonie est assourdissante dans les rangs de l’Etoile sportive du Sahel (ESS).
Par Hassen Mzoughi
Certes, les supporters ont piqué leur crise et sont allés dire leur rage aux dirigeants au siège du club, à Sousse, mais leur tristesse ne changera rien au tableau. C’est connu, «le petit peuple» ne fait toujours pas le poids face au jeu des coulisses qui estompe les problèmes de fond.
Or le jeu des coulisses a bien démarré avec deux «vraies-fausses» démissions du directeur sportif Zied Jaziri et du directeur exécutif Houcine Jenayah, si l’on croit la version avancée sur les ondes de Jawhara fm par président du club, Ridha Charfeddine: «Zied Jaziri est parti sans m’informer de sa décision. Quant à Houcine Jenayah, je n’ai vu aucune démission écrite de sa part.»
Le directeur exécutif de l’Etoile, Houcine Jenayah, est intervenu mercredi 25 octobre 2017, sur Mosaïque FM pour affirmer, en revanche, qu’il a bel et bien «présenté sa démission au président du club pour prendre du recul et se reposer».
Un président dénigré
En fait il n’y a rien d’étonnant à ce que le président du club se trouve seul face à la crise. En effet, Ridha Charfeddine, dont le comité est aux abonnés absents, a appelé ses connaissances en Tunisie, en France, au Qatar, en Arabie Saoudite et ailleurs pour prendre conseils. «Plusieurs personnalités m’ont également appelé pour témoigner leur soutien et leur disponibilité à rendre service au club. Il y a toujours des hommes derrière l’Etoile. Ce que j’ai demandé c’est d’éviter de prendre des décisions précipitées pour faire plaisir aux supporters. Mais les manœuvres pour m’affaiblir ne peuvent résoudre le problème», martèle-t-il dans son intervention radiophonique.
Un président abandonné, peut être, mais surtout un président dénigré. Deux «responsables» qui prennent la poudre d’escampette, ce n’est pas correct, mais le plus révoltant pour Ridha Charfeddine c’est d’entendre dire qu’il est incapable de prendre des décisions. Cela l’irrite au plus haut point mais il reste tout de même évasif sur la suite à donner aux événements.
Erreurs de casting
Bien entendu la solution la plus simple c’est d’écarter l’entraîneur. La décision est déjà prise et il s’agit de lui trouver un successeur. Le plus tôt serait le mieux car il faudrait bien que l’équipe reprenne du service. Trois options sont retenues : Chiheb Ellili, Nabil Kouki et Walid Regragui. Une quatrième vient d’être ajoutée; il s’agit d’Ammar Souayah qui vient de décliner l’offre du Club africain (CA).
Si comme l’on chuchote dans l’entourage proche de l’ESS, Hubert Velud était largement dépassé et «écoutait» trop le directeur sportif Zied Jaziri, c’est encore pire. Cela laisse supposer que la gestion technique échappait aux techniciens.
Plus grave, le staff technique était traversé par des interférences qui laissent perplexes.
Toujours selon des indiscrétions, le directeur sportif aurait pris une envergure envahissante pour «proposer des joueurs qui se sont avérés moyens, dicter des choix techniques voire imposer des joueurs, au détriment de jeunes formés au club comme Chiheb Ben Frej et Saddam Ben Aziza ou des recrues comme Amor Zekri, Jacques Mbé, Godspower Aniefiok.
Houcine Jenayah, lui, a cherché le sensationnel, le buzz comme on dit aujourd’hui… Certains disent que Zied Jaziri et Houcine Jenayah sont à eux seuls «deux erreurs de casting».
Ridha Charfeddine doit dire la vérité
Le président a fermé les yeux sur ces dépassements et il est tout aussi responsable ! C’est justement la conclusion à laquelle sont parvenus les supporters qui exigent le départ des «loosers», pas seulement de l’ensemble du staff technique.
En attendant, le président du club continue ses envolées lyriques. Or il ne sera écouté – et compris – que s’il affronte les supporters pour leur dire la vérité. C’est la moindre des choses pour se réhabiliter.
Il est attendu pour faire le point de la situation et informer des mesures pour sortir de la mauvaise passe actuelle. Il n’en sera que plus respecté et soutenu. Eviter de rencontrer les supporters alimente les animosités d’un côté comme de l’autre, nourrit les équivoques et ajoute aux malentendus déjà accumulés depuis l’autre échec cuisant en championnat de Tunisie devant l’Espérance par la faute d’un Houcine Jenayah qui a privé l’ESS d’un titre à la portée en décidant – seul – le forfait face au Club sportif Hammam-Lif.
Les clubs tunisiens sont de plus en plus «bicéphales». Certes le président garde une certaine omnipotence, mais il délègue à des personnes qui n’ont aucun compte à rendre au comité directeur et agissent souvent en «francs tireurs», en faisant intervenir des «intermédiaires» assez peu cleans. Des lobbies s’installent et se substituent à la gestion légale.
A l’image d’un pays où le pouvoir dit légal est flanqué d’un pouvoir de l’ombre qui lui extorque une bonne partie de son autorité. Avec tous les excès, les dépassements et les abus possibles et imaginables. Cet anachronisme explique toutes les dérives. Et toutes les défaites…
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