Messe à l’église de La Goulette, au nord de Tunis.
En Tunisie, un pays à 99% musulman, les chrétiens estiment que leur confession, grâce à Internet et la télévision par satellite, a attiré de plus en plus de Tunisiens.
Par Marwan Chahla
«Jusqu’à une date très récente, la chrétienté n’existait pas ici», a confié Mustapha, un Tunisien chrétien de 29 ans, dans une interview accordée, cette semaine, à Open Doors USA (Portes ouvertes), un groupe de défense des minorités chrétiennes persécutées. «Ça n’est qu’à partir de 2000 que notre communauté a commencé à prendre un certain essor. En effet, depuis cette date, plusieurs musulmans se sont convertis au christianisme», ajoute Mustapha.
Il y aurait 23.500 chrétiens en Tunisie
Selon le Factbook de la CIA, plus de 99,1% de la population est musulmane sunnite –et le reste, c’est-à-dire les chrétiens, les juifs et les chiites, ne représentent qu’un peu moins d’1%.
Open Doors USA rappelle, à l’occasion de ce coup de projecteur sur la chrétienté en Tunisie, que le pays a rencontré pour la première fois cette confession pendant les années ’70 du siècle dernier, lorsque des étrangers se sont installés en Tunisie pour y vivre et travailler. Ensuite, par le biais de la télévision par satellite et Internet, les chrétiens ont découvert de nouveaux moyens de partager le message de leur religion.
Pour Mustapha, le plus grand défi auquel les chrétiens en Tunisie sont confrontés est celui d’expliquer à leurs concitoyens qu’ils peuvent établir une relation véritablement volontaire avec la Bible, en lieu et place d’un lien avec le Coran dont ils ont hérité par naissance.
Festivités de la sortie de Madonna à La Goulette, été 2017.
Selon la ‘‘World Watch List’’ d’Open Doors, un rapport établi annuellement par ce chien de garde de la chrétienté, la persécution des chrétiens en Tunisie a augmenté et notre pays se classerait au rang de 29e sur cette liste de surveillance.
Le groupe explique que «la persécution de la minorité chrétienne en Tunisie [dont le nombre est estimé par Open Doors à 23.500, Ndlr] est très élevée et qu’elle est exercée dans les sphères privées, au niveau national et dans les environs des églises. Ceci est typique d’une situation où une paranoïa dictatoriale est la principale machine de persécution. Et cette campagne est de plus en plus menée par l’islamisme radical.»
La liberté de conscience garantie par la constitution
Tel n’est pas l’avis de Mgr Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis depuis 2013, selon lequel il est vrai que des restrictions religieuses sur les non-musulmans existent en Tunisie, mais la tolérance dans notre pays est en nette progression.
Dans une interview au site ‘‘Vatican Insider’’, en 2016, Antoniazzi déclare: «La liberté de conscience est clairement inscrite dans la nouvelle constitution tunisienne – et vous ne trouverez pas pareil article dans d’autres constitutions en Afrique du nord. De plus, les relations entre chrétiens et musulmans sont bonnes, notamment grâce à la nature accueillante et ouverte des Tunisiens.»
Mgr Ilario Antoniazzi, s’essaierait-il, là, à l’exercice diplomatique que lui dicte sa position de chef des chrétiens en Tunisie?
Avec ‘‘Christian Post’’.
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