La Chambre syndicale du secteur de la parfumerie et de la cosmétique relevant de l’Utica exprime de sérieux griefs contre le projet de Loi de Finances 2018 (LF 2018).
Dans un communiqué, la chambre rappelle que ce projet actuellement examiné par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) prévoit l’augmentation de plusieurs taxations relatives au secteur de la parfumerie et de la cosmétique, tant au niveau des matières premières qu’à celui des produits finis.
Ces augmentations, qui touchent à plusieurs positions tarifaires, concernent : 1 l’importation de matières premières nécessaires aux industriels du secteur : un droit de consommation de 40% est proposé sur la position tarifaire 33.02 (mélange de substances odoriférantes) qui concerne l’un des principaux intrants de l’industrie cosmétique ; 2- l’importation de produits finis (parfums et produits de soin) : une augmentation des droits de douane et une mise en place d’un droit de consommation de 25% sur les positions tarifaires 33.03 et 33.04 ; 3- de plus, deux autres mesures du projet de LF 2018 (Art. 30 et 39) accablent davantage la trésorerie de l’entreprise. La première concerne l’augmentation de l’avance sur impôt (AIR) de 10 à 15% à l’importation et la seconde instaure le blocage du crédit de TVA au 31 décembre 2017.
La chambre rappelle, également, que le secteur de la parfumerie et de la cosmétique emploie directement dans ses différentes filières (industrie, distribution et détail) entre 9.000 et 10.000 personnes et représente un marché à la consommation de 900 millions de dinars tunisiens (MDT).
Elle estime que les conséquences de ces nouvelles mesures, si elles devaient être votées par l’ARP, sur tout le secteur, «déjà touché par une forte baisse de la consommation, seront catastrophiques».
Parmi ces conséquences, la chambre indique dans son communiqué que les entreprises structurées subiront une chute de leur activité estimée à 60%, «ce qui se traduirait par une diminution de l’impôt versé au trésor et la réduction de leurs effectifs, accentuant ainsi le fléau du chômage.»
Par ailleurs, «le consommateur tunisien, déjà touché par une inflation galopante, payera directement ces augmentations dont il subira de plein fouet l’impact sur son pouvoir d’achat.»
«Etant donné que l’offre légale de ces produits sera en baisse et que la nature a horreur du vide, le marché parallèle en profitera pour pallier ce manque en présentant des produits moins chers privant, du coup, l’Etat des ressources fiscales qu’il escomptait», souligne encore la chambre, en soulignant que, contrairement à certaines idées reçues, le secteur de la parfumerie et de la cosmétique ne relève plus du domaine du luxe. «Il s’agit de produits de consommation quotidienne utilisés par les hommes et femmes qui sortent, travaillent et entretiennent leur corps, leur confort et leur santé», souligne-t-elle, en rappelant que les parfums et maquillage ne sont pas nécessairement des produits chers et que le prix d’un rouge à lèvre commence à 3 DT pour atteindre quelques dizaines de dinars, tout comme le flacon de parfum dont le prix varie de 5 DT à 200 DT ou plus, le consommateur, selon ses moyens, choisissant la gamme de produit qui lui convient.
La chambre énumère les conséquences directes de du projet de LF 2018: «une pénalisation de la production locale; la détérioration du pouvoir d’achat du consommateur; la menace de la pérennité des entreprises structurées et transparentes du secteur; la prolifération de la contrebande et du marché informel.»
Partant de tout ce qui a précédé, la Chambre syndicale du secteur de la parfumerie et de la cosmétique exprime, dans son communiqué, «ses plus vives protestations contre l’adoption de ces augmentations tarifaires qui menacent la pérennité et l’existence même du tissu industriel du secteur.»
I. B.
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