Radhi Jaïdi, ancien capitaine du onze national, estime que la qualification des Aigles de Carthage au Mondial 2018 poserait le jalon d’un important changement en Tunisie.
Jaïdi, qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations, dans sa 24e édition en 2004, pense que la campagne de la 21e Coupe du monde de football serait une chance pour les jeunes Tunisiens d’éviter de succomber à la tentation terroriste.
«J’ai été jeune, moi aussi, et je me souviens qu’on m’a encouragé à jouer au football. A l’époque, nous avions une forte motivation, de l’espoir et de la conviction que la pratique du sport nous serait d’une aide précieuse pour notre avenir», explique-t-il, dans une interview accordée hier, jeudi 30 novembre 2017, à la BBC.
«Malheureusement, aujourd’hui, tout cela a foutu le camp – ce qui n’est pas une bonne chose. Le gouvernement devra s’occuper de toute urgence de cette question. Il faudra prévoir un plan d’action sérieux», ajoute-t-il.
Radhi Jaïdi, qui est actuellement entraîneur principal de l’équipe espoir du club de la Premier League britannique Southampton FC, souligne également l’importance des mesures prises par le gouvernement pour combattre le terrorisme: «Depuis deux ans, nous pouvons constater les résultats du travail qui a été entrepris ces quatre ou cinq dernières années. Il y a un impact positif sur les mentalités en général, et parmi les jeunes, en particulier.»
«Je ne suis pas en train de dire que tout va très bien dans notre pays. Il est vrai qu’il reste encore un certain nombre de questions auxquelles il faudra s’attaquer –et nous faisons tout notre possible pour résoudre ces problèmes», reconnaît-il.
La qualification à la phase finale de la Coupe du monde-Russie 2018 récompense les efforts que la Tunisie a fournis, estime Radhi Jaïdi. «Réussir dans le foot comme notre pays vient de le faire est une opportunité précieuse pour toute la Tunisie d’envoyer un message que nous nous efforçons de mettre de l’ordre dans notre maison et de rétablir la stabilité chez nous. Nous reconnaissons que, ces dernières années, l’image de la Tunisie a été écornée. Cela dit, avoir décroché notre billet pour la Russie, après une absence aux trois dernières éditions du Mondial, est un succès indéniable dont il faudra tirer profit», conclue-t-il.
L’ancien sociétaire des Stade gabésien (1988-93), Espérance sportive de Tunis (1993-2004), Bolton Wanderers (2004-06), Birmingham City (2006-09) et Southampton FC (2009-12), et le défenseur national qui a été capé 105 fois et qui a participé à deux reprises (2002 et 2006) au Mondial, s’est autorisé quelques mises en garde et conseils qu’il adresse aux cinq représentants du football africain au Mondial 2018 (Tunisie, Maroc, Egypte, Sénégal et Nigéria): «Vous avez besoin d’une équipe forte, de joueurs forts qui doivent savoir interagir comme il faut avec les standards du Mondial. Parfois, malheureusement, nous [autres Africains, ndlr] avons du mal à établir le juste équilibre et nos joueurs manquent de préparation, en raison de certains problèmes qui les opposent à leurs fédérations.»
Radhi Jaïdi, coach de la Southampton Academy pour la cinquième année, espère avoir un jour la chance d’être le sélectionneur des Aigles de Carthage: «Oui, c’est un rêve pour moi d’entraîner notre équipe nationale et de réussir dans cette mission. J’ai servi la sélection tunisienne en tant que joueur et j’aimerais bien lui renvoyer l’ascenseur en étant son entraîneur, le jour où elle aura besoin de moi.»
Marwan Chahla
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