Rénovation du siège de l’UGTT : une question de transparence financière

Le 1er mai, jour symbolique de la fête du travail, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a inauguré son siège fraîchement rénové à la place Mohamed Ali, au centre-ville de Tunis. Une célébration marquante, certes, mais qui soulève également des questions légitimes concernant le coût de cette rénovation, estimé à 27 millions de dinars.

Par Leïth Lakhoua *

Nous ne renions pas à l’UGTT le droit de rénover son siège, qui a une grande valeur symbolique pour avoir été, depuis les années 1950, au cœur de l’histoire de l’organisation syndicale et des combats menés par ses dirigeants pour la défense des intérêts de la classe ouvrière. Cependant, cette opération suscite quelques interrogations.

La première interrogation qui vient à l’esprit concerne la source de cette somme considérable. Comment l’UGTT s’est-elle procuré ces fonds ? Cette question mérite une réponse claire et transparente.

On sait que l’UGTT est financée par les cotisations de ses adhérents, principalement des employés des secteurs public et privé, dont on aimerait bien connaître un jour le nombre exact.

On sait aussi que l’organisation possède plusieurs biens qu’elle fait fructifier, dont le nouveau siège moderne qu’elle avait fait construire il y a quelques années, mais qu’elle n’a pas cru devoir utiliser (trop moderne, trop riche, trop tape à l’œil !).

Il est légitime, cependant, de se demander si ces cotisations et ces revenus de loyers ou autres sont si importants qu’ils permettent de dégager un montant aussi important que celui dépensé par la simple rénovation d’un bâtiment frappé de vétusté. Surtout lorsqu’on pense à la situation de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), qui connaît des difficultés financières en raison des manquements de paiement de ses adhérents.

La CNSS, contrairement à l’UGTT, gère des paiements obligatoires et non discrétionnaires. Si une institution aussi vitale que la CNSS rencontre de graves problèmes financiers, cela soulève des préoccupations quant à la capacité de l’UGTT à investir une somme aussi importante dans la rénovation de son siège.

Il est donc impératif que la Cour des Comptes ouvre une enquête pour examiner attentivement les finances de l’UGTT et demander des comptes à cette centrale syndicale. La transparence financière est essentielle, surtout pour une organisation qui prétend représenter les intérêts des travailleurs.

En résumé, on dira que la rénovation du siège de l’UGTT, bien qu’elle soit une opération légitime et un événement notable, soulève des interrogations quant à la provenance des fonds utilisés par l’organisation pour ses dépenses de fonctionnement. Ses adhérents et le grand public ont le droit de savoir où cette somme a-t-elle été trouvée, comment a-t-elle pu être dégagée et si sa dépense est justifiée au regard des besoins et des priorités financières plus larges du pays.

* Consultant en logistique et organisation industrielle.

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