Kaïs Saïed poursuit la «guerre de libération nationale»

Kaïs Saïed reproche à l’administration publique de ne pas assumer ses responsabilités et à la justice de ratiociner dans l’examen des procès portés à son intention, accusant des lobbys noyautant l’Etat de provoquer des crises en chaîne dans le but d’attiser les tensions publiques et de mettre en difficulté son régime. Tout en promettant de «poursuivre la guerre de libération nationale».

Imed Bahri

En rencontrant hier, mercredi 31 juillet 2024, au palais de Carthage, Khaled Nouri, ministre de l’Intérieur, et Sofiene Bessadok, secrétaire d’Etat  chargé de la sécurité nationale, Kaïs Saïed est revenu à ce qu’il appelle «les crises provoquées quasi-quotidiennement», par allusion aux coupures d’eau et d’électricité dont se plaignent les citoyens en pleine canicule estivale et qui étaient au centre de ses activités officielles ces derniers jours.

Le président de la république a souligné, une nouvelle fois, «la nécessité d’identifier les responsables [de ces crises] et d’en faire porter la responsabilité pénale non seulement à ceux qui y participent, mais aussi à ceux qui les planifient et les provoquent», selon les termes du communiqué publié hier soir par la présidence de la république.

Ces tensions que l’on attise

Le président a souligné dans ce contexte «le rôle des responsables régionaux et locaux dans la satisfaction des revendications des citoyens et la nécessité de mettre fin aux fonctions de tout responsable, même une heure après sa nomination, lorsqu’il ne joue pas son rôle et n’assume sa responsabilité, car il n’est acceptable dans un Etat fondé sur les institutions que les responsables n’accomplissent pas les missions qui sont les leurs». Et d’ajouter : «Il n’est pas acceptable qu’un responsable ne bouge qu’après l’intervention du président».  

«Les tensions que l’on attise aujourd’hui dans divers secteurs ne sont pas le fruit du hasard. Certains cercles criminels et leurs bras [dans l’Etat] cherchent à revenir en arrière, mais le peuple tunisien a prouvé une conscience sans précédent et il poursuivra la guerre de libération nationale dont il sortira vainqueur et la tête haute», a ajouté le chef de l’Etat, en pointant du doigt des adversaires politiques qui chercheraient, selon lui, à déstabiliser son régime et à faire échouer le processus politique qu’il a engagé par la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021.

Des procès qui traînent depuis plusieurs années

Dans ce même contexte, Saïed a rencontré, au cours de la même journée, la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, et a «souligné le rôle du ministère public dans les poursuites judiciaires contre tous ceux qui transgressent la loi», a indiqué un communiqué de la présidence.

Saïed a aussi souligné «la nécessité d’accélérer les jugements dans les procès qui traînent depuis plusieurs années.» «Il n’est pas acceptable que les auditions se poursuivent pendant des années. Le temps judiciaire fait partie de la justice devant laquelle tout les gens sont égaux», a lancé le chef de l’Etat, selon le communiqué diffusé hier soir par le Palais de Carthage, où il semble reprocher à la justice de prendre son temps, de ratiociner et de laisser traîner les procès en cours. Il estime, peut-être, que l’accélération des jugements des personnes impliquées dans ces procès, dont certains de ses opposants, accélérerait, du coup, le processus d’assainissement de la scène politique et des rouages de l’Etat des éléments perturbateurs auxquels il impute tous les dysfonctionnements constatés dans l’administration publique.

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