Une députée européenne a exprimé son opposition à l’inscription de la Tunisie sur la liste des pays à risque concernant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Lors de son intervention au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg (France), hier, mardi 6 février 2018, Marie Christine Vergiat a indiqué qu’elle a été surprise, le 5 décembre dernier, de voir la Tunisie figurer dans la liste noire des paradis fiscaux puis le 13 décembre sur celle des pays à hauts risques en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
«Pour la première, le Conseil est revenu sur sa décision, le 23 janvier 2018, en profitant pour sortir 7 autres pays, dont le Panama. Dont acte. Mais pour l’autre, la Commission maintient sa position et je n’ai pas été convaincue par ses arguments, le 29 janvier dernier, lors de la réunion Libe-Econ (commission des affaires économiques et monétaires au Parlement européen, Ndlr)», a-t-elle déclaré.
La députée européenne a, à cet effet, annoncé qu’elle a déposé une objection contre l’inscription de la Tunisie dans cette liste noire assurant que celle-ci ne devrait comprendre que des pays en situation de guerre comme le Yémen, l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie.
«La Tunisie demeure fragile économiquement. Elle avance pas à pas dans sa transition démocratique. Faut-il rappeler que les nouvelles institutions n’ont vraiment commencé à travailler qu’en 2015 et que les modifications de la législation sur ces sujets ont été parmi les premières mesures prises ?», a-t-elle expliqué, ajoutant : «Est-ce vraiment la meilleure façon de soutenir la Tunisie comme nous ne cessons de le proclamer que de la faire figurer sur cette liste».
Mme Vergiat a, par ailleurs, appelé la la Haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, à réellement soutenir la Tunisie dans sa transition démocratique comme elle l’a déclaré lors d’un point de presse, tenue il y a 2 jours, avec le ministre des Affaires étrangères tunisien, Khémaies Jhinaoui.
«Je crains personnellement que les enjeux soient autres et que l’on cherche à faire pression sur la Tunisie pour qu’elle mette en œuvre plus rapidement d’autres réformes et notamment certaines réformes dites structurelles», a indiqué la députée européenne.
Marie-Christine Vergiat (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique) a appelé ses collèges à voter en faveur de cette objection pour mettre en cohérence les discours et les actes des Européens.
E. B. A.
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