Les Tunisiens sont-ils sales ?

Beaucoup de Tunisiens ne font pas de lien entre la hausse des décès par la rage parmi les animaux (350 en 2023) et les êtres humains (6 en 2023, et 9 en moins de 8 mois depuis le début de 2024), d’un côté, et de l’autre, l’amoncellement des ordures ménagères à tous les coins de rues de nos villes et villages. Ce lien est pourtant évident.

Imed Bahri

Bien entendu, la vaccination des chiens errants, principal véhicule de ce mal, est une solution à mettre en œuvre dans l’urgence. L’ouverture de nouveaux abris pour les animaux abandonnés en est une autre. Ainsi que l’adoption de mesures strictes en matière de possession d’animaux de compagnie. Mais il y a une autre solution qui mérite notre attention : la lutte contre les décharges publiques anarchiques qui se multiplient dans nos villes et, souvent, au cœur même des zones résidentielles populeuses. Ce sont ces décharges qui attirent les chiens et les chats et aggravent les menaces de contagion par la rage, maladie souvent mortelle qui se transmet d’un animal à un autre et des animaux aux êtres humains.  

La responsabilité des municipalités…  

A ce niveau, ce sont les municipalités qui sont défaillantes. Faute de moyens matériels et humains ou parce qu’elles sont mal gérée (les conseils municipaux élus en 2018 ayant tous été dissous par décret présidentiel en 2022 et non remplacés depuis), ces municipalités n’assument pas leur mission de levée des ordures ménagères avec la régularité et la célérité requises. D’où ces amoncellements d’ordures à toutes les heures de la journée et à tout coin de rue qui enlaidissent nos quartiers résidentiels, y compris les plus huppés, et parfois même nos stations touristiques.

… et des citoyens

La responsabilité des citoyens est également fortement engagée dans l’aggravation de ce fléau, car ce sont eux qui jettent leurs ordures partout, même parfois devant leurs propres maisons. Certains ne prennent même pas soin de mettre leurs ordures dans des sacs en plastique rigoureusement fermés ni même d’élever leurs enfants et de leur apprendre à respecter les règles élémentaires de la propreté de l’environnement. Ce qui fait dire à beaucoup de visiteurs étrangers que les «Tunisiens sont sales».

Même si cette généralisation abusive est offensante pour beaucoup d’entre nous, elle n’est malheureusement pas complètement dénuée de vérité. Et ce sont souvent les Tunisiens eux-mêmes qui reprochent à leurs compatriotes un comportement irresponsable, égoïste et d’un laxisme inacceptable dans tout ce qui se rapporte à leur cadre de vie.

C’est à ces deux niveaux que quelque chose doit changer pour prévenir la multiplication de maladies contagieuses comme la rage : doter les municipalités de moyens supplémentaires et responsabiliser les citoyens de manière à ce que la conjugaison de leurs efforts respectifs aide à améliorer notre environnement, lequel se dégrade à vue d’œil.     

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