Tunisie : nouveau coup de filet dans les rangs du mouvement Ennahdha

Des dizaines de membres du parti Ennahdha ont été arrêtés cette semaine avant le début officiel de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 6 octobre prochain, ont annoncé vendredi 13 septembre 2024 des responsables du parti.

Selon les décomptes recueillis par les sections locales du parti islamiste, qui a gouverné et participé au gouvernement entre 2011 et 2021, période que des Tunisiens qualifient de «décennie noire», quelque 80 hommes et femmes ont été arrêtés dans le cadre d’un grand coup de filet à l’échelle nationale.

Dans un communiqué, Ennahdha a qualifié ces arrestations de «campagne sans précédent de rafles et de violations des droits les plus fondamentaux garantis par la loi».

L’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Ahmed Gaaloul, membre du comité exécutif du parti et conseiller de son leader emprisonné Rached Ghannouchi, a déclaré que le parti avait dénombré au moins 80 arrestations, mais ce chiffre pourrait atteindre au moins 108 au total.

Les arrestations, parmi lesquelles de hauts responsables du parti, ont commencé lundi dernier et se sont poursuivies jusqu’à vendredi après-midi. Parmi les personnes arrêtées se trouvent Mohamed Guelwi, membre du comité exécutif du parti, et Mohamed Ali Boukhatim, chef régional du parti de Ben Arous, banlieue sud de Tunis.

Ces arrestations massives interviennent en pleine campagne électorale déjà mouvementée, marquée par l’arrestation de nombreux opposants, journalistes, avocats et personnalités de la société civile, ainsi que de l’un des trois principaux candidats à la présidence, Ayachi Zammel, poursuivi en justice pour falsification de parrainages dans son dossier de candidature.

Cette campagne est aussi précédées par des séries de limogeages et de nominations dans les principaux corps de l’Etat, le président Kaïs Saïed semblant n’avoir aucun doute sur l’obtention d’un second mandat de cinq ans, sur fond de crise économique et financière.   

Rappelons que de nombreux dirigeants d’Ennahdha sont en prison depuis plusieurs mois, notamment son leader, Rached Ghannouchi, âgé de 83 ans, l’ancien chef de gouvernement Ali Larayedh, l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri, l’ancien ministre de l’Agriculture Mohamed Ben Salem, le chef du Conseil de la choura du parti Abdelkarim Harouni, son secrétaire général, Ajmi Lourimi, et beaucoup d’autres.

«Ces arrestations sont le signe dun nouveau rétrécissement et dune déviation du processus électoral visant à semer la peur et à vider les prochaines élections de toute chance dune véritable compétition démocratique», a déclaré dans un communiqué vendredi le parti Amal Wa Injaz, dirigé par l’ancien membre d’Ennahdha et ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki.

I. B.

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