Selon l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), «il est de l’intérêt de tous (…) d’accorder plus de pouvoir aux Ong œuvrant à la transformation de la gouvernance en Tunisie.»
Dans un rapport publié mercredi 28 mars 2018, un groupe d’experts de l’organisation politico-militaire s’est intéressé à la remarquable émergence en Tunisie d’une société civile forte et organisée, qu’ils définissent comme étant «un agrégat hétérogène d’acteurs – à la fois locaux et internationaux – qui travaillent sur des questions allant du soutien au processus électoral jusqu’aux droits des femmes, en passant par l’autonomisation des jeunes, l’éducation, la formation à la pratique politique partisane, la réforme de la justice, la réconciliation nationale et les droits humains.»
«C’est là que réside le succès de l’expérience démocratique tunisienne», selon les analystes de l’Otan, qui ajoutent : «une démocratie fragile a pris racine en Tunisie. Depuis 2011, le pays a réussi à organiser plusieurs scrutins électoraux irréprochables. Les transferts pacifiques du pouvoir ont eu lieu. Et les racines de la démocratie tunisienne se sont renforcées, malgré les défis considérables auxquels le pays est confronté – tels que la menace terroriste, la lenteur de la croissance économique et le taux de chômage élevé parmi la jeunesse tunisienne.»
Les auteurs de ce rapport, intitulé ‘‘Les organisations non-gouvernementales, les organisations internationales et la société civile tunisienne’’, expliquent que «l’influence de la société civile tunisienne a été si cruciale à la success story démocratique de ce pays qu’elle a valu à quatre Ong tunisiennes le prix Nobel de la paix 2015, en reconnaissance de leur capacité à exercer la pression nécessaire sur les décideurs politiques pour qu’ils optent pour la réconciliation démocratique et la voie pacifique.»
Les membres de ce think-tank de l’Otan estiment que «la société civile tunisienne reste une lueur d’espoir d’un avenir meilleur, prospère, démocratique et stable pour la région du Moyen-Orient.»
«Les progrès que la Tunisie a réalisés sont impressionnants, mais les défis auxquels le pays fait face demeurent considérables: il y a cette insécurité économique, la menace extrémiste et un système démocratique fragile qui est susceptible de s’écrouler à tout instant et le pays peut ainsi emprunter la voie de l’autoritarisme», mettent en garde les analystes de l’Otan.
Contre ces risques réels, les experts de l’Otan estiment qu’«il est impératif que la communauté internationale œuvre de concert avec le gouvernement et la société civile tunisiens pour que cela ne se produise pas.»
Ils insistent: «En tant modèle pour toute la région, la poursuite des progrès de la Tunisie n’est pas uniquement une affaire d’importance nationale. Il s’agit de savoir si ce pays va continuer à être une réussite et une source d’inspiration sur la manière possible de changer les choses au Moyen-Orient ou baisser les bras et reconnaître définitivement que la transition démocratique est incompatible avec les influences sous-jacentes qui prévalent dans la région.»
«Par conséquent, il est de l’intérêt de tous – aussi bien celui des plus importants donateurs internationaux que celui des plus locales des associations des régions reculées de la Tunisie – que le secteur des Ong soit réglementé de façon à ce que plus de pouvoir et plus d’influence soit accordés à celles d’entre ces organisations qui sont en train de transformer la gouvernance en Tunisie.»
Concluant leur rapport sur une note optimiste, les analystes de l’Otan écrivent: «Dans le même temps, les Tunisiens et leurs partenaires internationaux ne doivent pas perdre de vue les transformations remarquables que le pays a connues depuis 2011. Jusqu’ici, la Tunisie a été l’unique success story du Printemps arabe. La société civile a beaucoup contribué dans ce processus de transition démocratique. D’autres efforts sont nécessaires pour que cette œuvre puisse continuer de prospérer dans ce pays.»
Marwan Chahla
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