‘‘Vagues brisées’’, un nouveau film tunisien signé Habib Mestiri, est en ce moment dans les salles tunisiennes, il pose un regard nouveau sur le mouvement de libération national entre 1955 et 1963.
Par Fawz Ben Ali
Le film devait sortir le 20 mars 2018, comme une célébration cinématographique du 62e anniversaire de l’indépendance tunisienne, ‘‘Vagues brisées’’ est finalement sorti le 9 avril, fête des Martyrs, une date tout aussi symbolique.
Certains ont déjà eu l’occasion de voir le film lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 1017) où il était projeté hors compétition dans la section parallèle «Regard sur le cinéma tunisien».
Un film d’époque
Le film réunit une panoplie d’acteurs comme Ahmed Hafiane, Fatma Nasser (qu’on a récemment vue dans ‘‘Mustafa Z’’), Mohamed Sayari, Atef Ben Hassine, Ivana Pantaleo, Hedi Sioud …
Après ‘‘El Jaïda’’ de Salma Baccar, voici un autre film tunisien d’époque qui nous replonge dans la période 1955-1963 en Tunisie et plus précisément entre la Goulette et la Chebba.
Habib Mestiri, qui est habitué à la télévision et au genre documentaire, signe avec ce film son premier long-métrage de fiction qu’il a coécrit avec le critique de cinéma Abdelfatteh Fakhfakh.
Dans ‘‘Vagues brisées’’, on retrouve une reconstruction juste du décor de la Goulette à la Chebba, ville natale du cinéaste, où le film a dû entièrement être filmé, faisant face à de grandes difficultés budgétaires.
Habib Mestiri a choisi de raconter un chapitre de l’histoire de la Tunisie à travers la fiction mais sans pour autant s’éloigner de sa vocation première qui est le documentaire.
Il s’agit ici de l’histoire de Hassouna (joué par Ahmed Hafiane), un Tunisien engagé dans l’armée française mais fidèle à la cause de l’indépendance de la Tunisie, essayant à chaque fois de démasquer les collaborateurs tunisiens, refusant la nationalité française et finissant par déserter l’armée française.
Entre réalité et fiction
Tout le film est construit autour de ce personnage qui se trouve souvent tiraillé entre deux choix et deux destins de vie dans cette période cruciale que connaissait le pays. Un rôle complexe qu’Ahmed Hafiane a merveilleusement interprété et qui lui a valu le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival du film transsaharien de Zagora au Maroc.
L’empreinte documentaire est fortement présente dans le film, car, tout en inventant ces petits drames autour de l’amour et de l’amitié, le cinéaste est resté très juste dans l’aspect informatif et historique du film, notamment à travers les extraits en noir et blanc tirés des archives sur les dates marquantes de l’époque comme le retour triomphal de Bourguiba au port de la Goulette en juin 1955 ou encore l’évacuation des derniers soldats français du sol tunisien en octobre 1963, nous rappelant à chaque fois qu’il s’agit bel et bien de l’histoire de notre pays.
Hassouna est peint comme un personnage voué à la clandestinité, un antihéros dont tout lui échappe, d’abord son premier amour Chantale, une Franco-italienne avec qui il vivait à la Goulette et qui finit par quitter le pays, et puis ses proches qui le rejettent. La déception et la désillusion s’installent rapidement après l’euphorie de l’indépendance avec la persécution des communistes et l’excès de pouvoir des membres du parti dirigeant parmi lesquels figurent certains anciens collaborateurs.
Rejeté autant par les bourguibistes que par leurs opposants, Hassouna est condamné à un destin tragique qui le mènera à sa dernière chute à la bataille de Bizerte.
‘‘Vagues brisées’’ est en ce moment dans les salles Colisée, Palace, Mondial (centre-ville de Tunis), Ciné-Jamil (Menzah 6) et Alhambra (Marsa).
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