Le Palais des Congrès de Bizerte, qui a récemment rouvert après un sommeil de 3 décennies, s’est transformé, du 18 au 20 avril 2018, en laboratoire de Smart City ou ville intelligente. Un concept, un esprit et un style de vie branché mais respectueux de l’environnement…
Par Hamma Hanachi
L’initiative, qui est à sa deuxième édition, est réalisée et pilotée par l’Association «Bizerte 2050», en partenariat avec le ministère des Technologies et de la communication et de l’Economie numérique, impliquant un nombre important d’associations de la société civile, la municipalité, des organisations privées et des acteurs économiques. Un seul message : «We realise it» (l’anglicisme est omniprésent dans le vocabulaire Smart City).
Des dizaines de décideurs, des théoriciens de la ville, des créateurs de startups, des urbanistes, des architectes, des sociologues et autres étudiants se sont rencontrés pour débattre, expliquer et écouter la teneur et les propositions de Bizerte Smart city.
Carlos Moreno, Marc-Lionel Gatto et Salma Elloumi Rekik.
Que signifie au juste Smart City? Une ville intelligente. Mais encore?
Un concept qui vise essentiellement à l’amélioration de la qualité de la vie du citoyen et qui intègre les nouvelles technologies sous toutes leurs formes.
Intégrer le concept de Smart City dans chaque ville
L’esprit smart repose sur un comportement responsable face au développement urbain et ses enjeux, à la consommation des énergies et à toutes les disciplines : l’environnement, l’industrie, la gestion de l’énergie, la mobilité, l’infrastructure, les transports publics, les bâtiments et logement, l’eau, les services, l’agriculture, le tourisme, la famille, les rapports entre communautés, la profession, etc.
Les enjeux de ce laboratoire d’idées est ambitieux et contribue à sensibiliser les citoyens et les responsables à intégrer le concept de Smart City dans leur ville.
Marc-Lionel Gatto, pdg de MLG Consulting.
Parmi les conférences proposées, celle du tourisme a réuni un panel de spécialistes en présence de la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Salma Elloumi Rekik, qui a annoncé la digitalisation totale des campagnes de promotion du secteur d’ici 2020.
Tarek Lassadi, directeur général de l’agence de voyage Travel To Do a proposé le découpage du gouvernorat de Bizerte pour créer des zones appropriées au tourisme, tels que les environs du Lac Ichkeul, Ghar El Melh, la plage Errimel, etc, et d’y bâtir des unités de haut de gamme, citant au passage des exemples dans la périphérie de Rio de Janeiro au Brésil…
On apprend dans cette même conférence que la ville de Menzel Jemil s’est dotée d’une application sur un téléphone portable qui relie le citoyen et la municipalité pour réparer en temps réel les défectuosité et carences constatées.
Noomane Fehri, ex-ministre et actuel CEO de B@lab au sein de la Fondation Biat, a montré les exemples d’une fournée de jeunes responsables de start-ups qui ont réussi dans leur entreprise, comme pour réitérer son fameux constat : «On a des jeunes du 21e siècle, gouvernés par des gens du 20e siècle avec des idées du 19e siècle».
Tarek Lassadi, DG de Travel To Do.
Le futur se construit aujourd’hui
Au cours de ce congrès de haute intensité technologique où les néologismes et les anglicismes sont légion, des guests speakers (parmi lesquels Carlos Moreno, Marc-Lionel Gatto, références en la matière) ont donné des conférences pointues sur la ville de l’avenir et la démarche à suivre. Des ateliers ont réuni publics et spécialistes. Un salon smart aménagé pour la mise en contact les annonceurs et les opérateurs, les marques privées et publiques et les acteurs technologiques des smart cities, des rencontres thématiques, les unes aussi édifiantes que les autres.
Rencontre et discussion à bâtons rompus avec Marc-Lionel Gatto, Pdg de MLG Consulting, qui vit entre Las Vegas et Paris, et anime plus de 100 conférences par an en 5 langues autour de la Smart City. Il a choisi le mode de vie smart, quittant la voiture et adoptant une alimentation biologique.
La grande révolution est démographique, dit-il au cours de la conférence sur le tourisme, si nous n’adoptons pas le comportement smart, nous allons à notre propre destruction : la fin des énergies fossiles, la déforestation, le changement climatique… Bref, toutes les catastrophes actuelles qu’on nous annonce sur les journaux ou à la télé.
Une fourmilière de jeunes étudiants volontaires.
La solution est donc le retour à la nature? En partie oui, mais avec l’adoption et l’application des nouvelles technologies et ceci s’applique aussi bien à la mobilité en ville qu’à l’alimentation ou la construction des bâtiments ou encore l’éducation de vos enfants, etc.
Une utopie de plus ? Ce que les humains prenaient hier pour utopie fait partie de notre quotidien, demain se construit aujourd’hui. Une métamorphose souterraine en somme, à l’image des théories du philosophe et sociologue Henri Lefebre (critique de la vie quotidienne) ou des actuelles expériences heureuses, celle de Pierre Rabhi, par exemple?
En plus riche, Smart City inclut, outre le soin accordé à la nature et à la terre, les atouts qu’offrent les hautes technologies, plus qu’une métamorphose, une révolution.
Le conservatisme perd toujours contre la vie. Y a-t-il des villes plus adaptés pour le Smart City? À terme, toutes les villes sont propices, quelques-unes sont plus favorables, mais il faut oser entreprendre partout et avancer dans ce sens.
Borhène Dhaouadi, président de Bizerte 2050 et cheville ouvrière de Bizerte Smart City, qui a entamé le cycle Smart city, annonce que Bizerte et Kairouan viennent d’être sélectionnées par l’Union internationale des télécommunications (UIT), pour diligenter un projet d’accompagnement en lien avec les villes intelligente. Le prochain rendez-vous Smart City se déroulera à Tunis, dit-il.
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