La Tunisie affrontera l’Angleterre, le 18 juin 2018, à Volgograd, en match d’ouverture du groupe G de la Coupe du monde de Russie, mais «l’ambiance risque de dégénérer par de violents affrontements avec des voyous armés de couteaux» parmi les supporteurs tunisiens, préviennent les médias anglais.
Par Hassen Mzoughi
Dans un article paru hier, jeudi 26 avril, le quotidien anglais ‘‘Daily Star’’ parle de la violence des supporteurs tunisiens «assoiffés de sang» et prévient les Anglais de «cette menace», d’autant que plus de 5.000 Tunisiens ont acheté des billets pour la Coupe du monde en Russie.
Si les hooligans anglais sont archi-connus de par le monde, ils auront cet été «en face d’eux, des voyous sanguinaires», rapporte le tabloïd anglais qui, pour justifier ses alertes, fait le bilan de la violence dans le championnat tunisien au cours de cette saison.
Le champion ne peut fêter son titre en l’absence des supporters
Malgré une saison marquée par la violence, les responsables tunisiens sont confiants que les problèmes ne suivront pas l’équipe de Tunisie en Russie. Ce n’est pourtant pas l’avis du journal. «La preuve, des centaines de supporteurs tunisiens ont envahi le terrain, le 27 mars dernier, pour célébrer une victoire 1-0 de la Tunisie face au Costa Rica lors d’un match amical dans la ville française de Nice», écrit le journal.
Les quatre premiers de la ligue 1, l’Espérance sportive de Tunis (EST), le Club africain (CA), l’Etoile sportive du Sahel (ESS) et le Club sportif sfaxien (CSS) jouent actuellement en l’absence de leurs supporters punis pour actes de violence.
L’Espérance a remporté son 28e titre de champion de Tunisie, le 8 avril dernier, mais aucun de ses supporters n’était présent pour fêter ce titre avec son club. La formation basée à Tunis est l’une des 8 équipes qui jouent à huis-clos jusqu’à la fin de la saison en raison de la violence de leurs supporteurs, rappelle encore le journal.
Chaque semaine, des bagarres éclatent dans et aux alentours des stades à travers le pays, que ce soit entre des supporteurs d’une même équipe, des membres de différents groupes ultras (fans organisés) ou entre des supporteurs et des forces de police.
«Ils s’attaquent aux policiers avant même de mettre les pieds dans le stade»
L’incident le plus grave de la saison a eu lieu le 1er avril dernier, lorsque le jeune supporteur du CA, Omar Labidi, a été retrouvé noyé dans un canal peu de temps après un match au stade de Radès. Les circonstances exactes de cette tragédie ne sont pas claires mais la famille et les amis de la victime accusent la police.
Un officier des forces d’intervention a déclaré à BBC Sport, sous couvert de l’anonymat : «Vous pouvez vous retrouver encerclé par 30 ou 40 personnes qui vous chargent avec des bâtons et de gros couteaux. Ils s’attaquent aux policiers avant même de mettre les pieds dans le stade.» Il ajoute : «Nous sommes légalement obligés de vérifier leurs bannières, car on les utilise pour faire passer des objets dangereux dans les stades comme des couteaux et des fusées éclairantes. Il y a toujours plus de victimes de notre côté que parmi les groupes de supporteurs. C’est notre devoir de respecter ceux qui nous respectent et d’arrêter ceux qui veulent provoquer le chaos. Je ne suis pas né policier, personne ne m’a dérangé auparavant au stade parce que je respecte les autres et j’obéis à la loi.»
Il y a le précédent de Marseille en 1998
Si les alertes sont lancées, c’est parce qu’il y a aussi un précédent Tunisie-Angleterre en 1998 à Marseille. Un triste souvenir de deux jours de violences entre supporteurs des deux équipes avant et pendant ce match gagné par les Anglais 2-0.
Samedi, la veille du match, sur la Canebière, 800 Anglais contre 300 Tunisiens, par la suite renforcés par des Marseillais. L’étincelle, quelques saluts nazis côté anglais et un drapeau tunisien brûlé. La bagarre est lancée. Les incidents se multiplient. On a compté 48 blessés, dont 40 hospitalisés. Les policiers ont interpellé 50 personnes: 30 Anglais, 6 Tunisiens, 14 Français ou autres nationalités. Quinze d’entre eux ont été présentés à la justice. Dimanche, jour du match, devant le stade Vélodrome, encore de nouvelles bagarres. Ce dont profitent des Tunisiens pour vendre des places aux Anglais !
Le média anglais n’évoque pas ce précédent mais il y a comme une allusion à l’histoire qui pourrait se répéter…
Violences dans les stades : La colère du Syndicat des unités d’intervention
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