Parmi les handicaps qui entravent la compétitivité de Tunisair figure en bonne place son effectif pléthorique estimé à 8000 personnes, soit 265 agents par avion contre une norme internationale de 160. La compagnie nationale tunisienne n’aurait donc normalement besoin que de 5000 agents, selon son Pdg, Ilyes Mnakbi.
Par Khémaies Krimi
Ce problème n’est certes pas nouveau. Il remonte au début des années 2000, mais il s’est aggravé après le soulèvement du 14 janvier 2011, plus exactement au temps de la «Troïka», la sinistre coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, avec l’intégration et la titularisation massive d’employés intérimaires employés, auparavant, par des sociétés de sous-traitance.
Pour le licenciement de plus de 1000 agents
Cette intégration injustifiée économiquement a constitué une lourde charge salariale pour la compagnie dont la conséquence a été, entre autres, la détérioration de la qualité du service et l’incapacité de la compagnie à renouveler sa flotte, dont la moyenne d’âge est de 15 ans.
D’ailleurs, c’est ce vieillissement de la flotte qui serait, entre autres, du moins d’après les responsables de la compagnie, à l’origine des désagréments causés par les retards de ses vols. «Car, estime Ilyes Mnakbi, la compagnie est obligée, pour garantir la sécurité des passagers et des équipages, d’effectuer plusieurs check-lists (liste de vérifications) avant le décollage».
Pour remédier à cette situation, la compagnie a engagé, depuis 2015, des pourparlers avec les syndicats en vue de mettre au point un plan social.
En vertu de ce plan, quelque 1200 employés, selon le chiffre avancé par le directeur central de la communication et des relations extérieures de Tunisair, Youssef Kikli, 1.400 selon celui du Pdg du groupe, seront licenciés et indemnisés.
Un montant de 50 millions de dinars tunisiens (MDT) a même été budgétisé, lorsque le défunt Slim Chaker était ministre des Finances, et l’Etat s’est engagé à prendre en charge l’indemnisation des licenciés.
Certes, ce montant, qui devait indemniser 1000 agents candidats au départ, n’a jamais été dépensé, mais les choses ont évolué, notamment, avec l’avènement de l’Open Sky, qui a fait l’objet d’une convention paraphée, le 11 décembre 2017, entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Cette convention, qui exclut de son rayon, le transporteur public Tunisair pour une période de 5 ans, a été une occasion pour M. Mnakbi pour relancer le plan social sur de nouvelles bases.
Ilyes Mnakbi: une mission impossible.
L’Union européenne appelée à mettre à niveau Tunisair
Pour le Pdg du groupe Tunisair, la compagnie ne peut intégrer l’Open Sky que si l’UE accepte de mettre à niveau la compagnie comme elle l’avait fait, en 1995, pour les industries manufacturières tunisiennes lors de la conclusion d’un accord de libre échange pour les produits manufacturés.
«En plus clair, dit-il, Tunisair ne peut pas accepter d’intégrer un monde concurrentiel avec des armes de loin inférieures à celles de compagnies concurrentes puissantes qui ont d’énormes possibilités». Et Ilyès Mnakbi de poser ses conditions: «Pour pouvoir faire face à la concurrence des compagnies européennes puissantes, Tunisair réclame la même démarche adoptée en perspective de la mise en place de la zone de libre échange des produits manufacturés. Concrètement, pour se mettre, un tant soit peu à niveau de la concurrence, la compagnie demande à l’Union européenne environ 1.400 MDT, ce qui représente un petit pécule pour une grande puissance comme l’Union».
Avec ce montant, Tunisair entend mener quatre réformes. Il s’agit d’alléger l’effectif pléthorique de la compagnie, de moderniser tout le matériel du handling (logistique aéroportuaire), de renouveler une flotte vieillissante et de réduire les dettes (plus de 600 MDT).
C’est à, de toute évidence, un scénario qui se défend et qui a toute les chances d’aboutir pour peu que Tunisair dispose de bons négociateurs.
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