Cawtar et la prévention des violences sexistes en Tunisie

Le Centre arabe de formation et de recherche sur les femmes (Cawtar) a organisé le 10 juillet 2025  à Tunis le premier symposium sur les méthodologies de recherche sur les violences basées sur le genre ou violence sexiste.

Cet événement s’inscrit dans le cadre d’un programme plus vaste visant à soutenir la prévention des violences basées sur le genre grâce à une approche collaborative impliquant des universités, la société civile et des experts dans cinq régions de Tunisie (Grand Tunis, Le Kef, Sfax, Sousse et Gabès), indique un communiqué du centre.

Le programme s’adressait aux chercheurs de diverses disciplines universitaires, ainsi qu’aux militants de la société civile s’attaquant à la question des violences basées sur le genre, afin d’améliorer leur capacité à utiliser les outils de recherche sociologique de terrain pour analyser les violences faites aux femmes, avec une méthodologie intégrant une approche sensible au genre.

Partage d’expériences dans 5 régions tunisiennes

Des chercheurs, doctorants et étudiants en master se déplaceront dans les cinq régions sélectionnées pour partager leurs expériences.

Lors de chaque symposium programmé, un chercheur international sera invité à présenter ses recherches sur la violence sexiste et à participer aux discussions sur la méthodologie utilisée, en l’adaptant au contexte local.

Hedia Belhaj Youssef, coordinatrice du programme de lutte contre les violences basées sur le genre du Cawtar, a indiqué que l’initiative se concentre principalement sur le soutien à la recherche universitaire et aux études de la société civile, compte tenu du manque d’études approfondies sur les violences faites aux femmes, qui se limitent souvent aux violences physiques et sexuelles ou se basent sur des rapports du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées. Elle a souligné que les recherches de terrain menées dans les cinq régions restent insuffisantes pour analyser pleinement les violences basées sur le genre. De plus, lorsqu’elles sont menées, elles se concentrent souvent sur une seule forme de violence, négligeant ainsi la nature plus large et plus complexe du problème. Elle a également souligné les lacunes des recherches de terrain dans ce domaine.

Le symposium a été organisé en collaboration avec l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (Aecid) et la Coopération belge au développement (Enabel).

84,7% des femmes affirment avoir été victimes de violence

Selon une enquête de l’Institut national de la statistique (INS), réalisée avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), dont les résultats ont été publiés en mars 2024, la violence à l’égard des femmes reste un phénomène très présent en Tunisie : 84,7% des femmes interrogées déclarent avoir été victimes, depuis l’âge de 15 ans, d’au moins un acte de violence (tous types confondus) et 57,1% ont signalé avoir vécu un épisode au cours des 12 mois précédant l’enquête.

La violence morale avec ses deux composantes (psychologique et verbale) est le type de violence le plus fréquent (49,3% au cours des 12 mois précédant l’enquête), suivie par la violence sexuelle (15,6%), la violence économique (11,4%) et enfin la violence physique (5,3%).

Par ailleurs, 14,4% des actes de violence durant 12 mois précédant l’enquête ont été commis dans l’espace virtuel (réseaux sociaux, messageries…).

Last but not least, 42,7% des femmes mariées ou divorcées ou veuves ont subi au moins un acte de violence de la part de leur mari ou ex-mari.

I. B.

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