Marzouk a-t-il désespéré de la possibilité de voir Chahed quitter la Kasbah?
Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou Tounes, a indiqué que son parti est disposé à collaborer avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, si ce dernier concrétise le projet politique qu’on lui attribue.
Dans une interview accordée au journal en langue arabe « Akher Khabar » et publié en deux temps, dimanche et lundi, 23 et 24 septembre 2018, M. Marzouk a estimé que le chef du gouvernement peut jouer un rôle clé dans le rassemblement de la famille centriste, d’autant qu’il avait déjà appelé, dans différentes occasions, à rassembler cette famille politique. «Nous soutenons cet appel, mais loin de toute logique de leadership», a-t-il dit, comme s’il déniait à M. Chahed le rôle de conduire cette famille, dont il se considère sans doute lui-même un possible leader.
Le secrétaire général de Machrou Tounes a, par ailleurs, indiqué que la position de Hafedh Caïd Essebsi au sein de Nidaa Tounes, depuis 2015, pose problème et ce depuis la crise de ce parti, déclenchée en 2015, et qui s’est traduite par la démission de nombreux dirigeants fondateurs.
Dans la 2e partie de l’interview, Mohsen Marzouk a indiqué que le président de la république, Béji Caïd Essebsi, a le droit d’activer l’article 99 de la nouvelle constitution et de demander à Youssef Chahed de solliciter de l’Assemblée le renouvellement de la confiance à son gouvernement. Mais, avec l’évolution des positions au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), l’activation de cet article n’est plus réellement nécessaire, a estimé M. Marzouk, laissant entendre que M. Chahed bénéficie désormais d’un large soutien politique et qu’en cas de vote, il n’aura pas de difficulté à recueillir les 109 voix nécessaires à la poursuite de son mandat. Ce qui, en cas d’activation de l’article 99, constituerait un camouflet pour le président de la république dont ce dernier se passerait volontiers, au moment où sa popularité dans les sondages pique du nez.
M. Marzouk, qui n’affiche plus d’opposition radicale au chef du gouvernement et n’exige plus son départ, comme il le faisait encore récemment (il a sans doute senti le vent tourner), estime aujourd’hui que M. Chahed peut sortir le pays de la crise politique en remaniant son gouvernement et en présentant aux députés un programme respectant les 63 points contenus dans l’Accord de Carthage 2. Accord qui, rappelons-le au passage, est un simple document contenant des idées générales et des recommandations sans intérêt. En suspendant les négociations sur cet accord, le chef de l’Etat a sans doute estimé qu’il ne valait plus rien.
E. B. A.
Tahri appelle Caïd Essebsi à actionner l’article 99 de la constitution
Ghedira : Plus de 109 députés voteront la confiance à Chahed
Donnez votre avis