L’affaire de la collision, dimanche dernier, entre un bateau de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN), l’Ulysse, et le porte-containers chypriote grec Virginia continue de faire couler beaucoup d’encre, tant la crise qu’elle a provoquée est très mal gérée dès le départ par la partie tunisienne.
Par Imed Bahri
La compagnie publique tunisienne continue de très mal communiquer et de diffuser des informations erronées sinon totalement fausses, ce qui exprime plus qu’une simple gêne, une panique certaine, celle de quelqu’un pris en faute et qui essaie, très maladroitement, de cacher une partie de la vérité.
Dans un communiqué diffusé hier, vendredi 12 octobre 2018, sur sa page officielle sur facebook, la compagnie continue de mentir à l’opinion, en affirmant que l’opération de séparation des deux navires «a été effectuée avec les moyens du navire Ulysse et sans recours à une aide extérieure». Une manière de dire que les «génies de la mécanique» qui sont à bord de l’Ulysse (dont ont a admiré la compétence sur les vidéos qu’ils ont eux-mêmes diffusées) seraient à l’origine de la désincarcération des deux bateaux. Ce n’est pas exactement ce qui a été diffusé par les médias français en se référant au communiqué de la Préfecture maritime de Toulon, dont les employés ne peuvent être soupçonnés d’être ivres au moment de parler aux médias.
Voilà ce qu’on lit, par exemple, sur ‘‘Le Point’’ : «Jeudi soir, la préfecture maritime de Toulon a annoncé que les deux navires rentrés en collision dimanche au nord-ouest du cap Corse avaient été séparés. Après deux tentatives qui s’étaient chacune soldées par un échec, l’équipe sur place composée de huit bateaux, quatre français et quatre italiens, a su mener à bien cette opération délicate. ‘‘Sous l’effet combiné des mouvements de houle et des précédentes tentatives de désincarcération, le navire Ulysse s’est libéré du porte-containers Virginia’’, a précisé la préfecture. Le premier navire avait percuté le second qui était au mouillage.»
Par ailleurs, les chaînes de télévision françaises ont fait savoir, dans leurs reportages, que les autorités françaises avaient sollicité le soutien des autorités italiennes et des monégasques.
À aucun moment il n’a été question de contribution quelconque des autorités tunisiennes et, encore moins, des vulgaires matelots de l’Ulysse qui, comme ils le disent eux-mêmes dans leur vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, passent du bon temps à manger et, surtout, à boire.
Que penser de tout cela ?
D’abord, que l’affaire est non seulement mal gérée par la partie tunisienne, mais qu’elle est très mal engagée de tout point de vue quant à son issue finale.
Ensuite, que les mensonges, dont nous rebattent les oreilles les responsables de la CTN, ne sauront camoufler cette vérité-là, qui fait mal. Elle ne fait peut-être pas mal aux matelots de l’Ulysse et à leurs supérieurs hiérarchiques, qui s’en sortiront avec une menace de grève et en mettant de leurs côtés Noureddine Taboubi et la bande de malfaiteurs qu’est devenue l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Elle nous fait mal à nous autres Tunisiens, onze millions de citoyens qui vont devoir, encore une fois, encaisser les conséquences de cette affaire sur les plans moral et matériel.
Enfin, ces chers responsables de la CTN et du ministère des Transports doivent cesser de nous prendre pour des idiots et commencer par tenir un langage de vérité, au lieu d’essayer de cacher leur tête dans le sable et de nous bercer par d’illusions.
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