Tunisie : l’abus et le trafic de drogue sont une affaire de santé publique

Les interventions publiques pour faire face à la problématique des drogues ne peuvent pas être d’ordre sécuritaire, mais doivent être conçues dans une démarche de santé publique et communautaire.

«L’abus des drogues : en parler, c’est sauver des vies». C’est le thème retenu au plan international pour l’édition 2022 de la Journée internationale de lutte contre le trafic et l’abus de drogues célébrée le 26 juin de chaque année.

Dans ce cadre, l’association Ness porte la voix des personnes qui souffrent depuis des années de l’absence de politique et de stratégies nationales de la riposte aux problèmes de la consommation de drogues, laissant ces personnes en précarité sanitaire.

Réviser la répression législative

Dans ce cadre, l’association Ness pour la prévention combinée lance une campagne de plaidoyer sous le slogan : «C’est le trafic qu’il faut combattre, non les consommatrices et consommateurs de drogues».

Cette campagne se donne pour objectif de plaider auprès des décideurs sur l’importance de la mise en place d’une politique et un mécanisme de prise en charge et de réadaptation destinés aux usager(e)s de drogues, notamment les usager(e)s de drogues injectables et d’opérationnaliser l’introduction de la méthadone bloquée depuis 2018 pour des raisons difficiles à comprendre. Mais aussi de réviser la répression législative transcrite dans les articles de la loi 52 de1992.

La dernière enquête séro-comportementale réalisée par le programme national de lutte contre le sida, auprès des personnes consommatrices de drogues dans les villes du grand Tunis, Nabeul, et Gafsa a démontré une prévalence de l’hépatite C dépassant les 50% et une prévalence à VIH très élevée, ce qui nous pousse à tirer la sonnette de l’extrême urgence sur la gravité et la nécessité de mettre en place la stratégie nationale de réduction de risques concertée depuis des années.

Une campagne de plaidoyer

La campagne de plaidoyer lancée le 26 juin  suivra les principes d’intervention de l’approche de réduction de risques et s’inscrira dans une démarche de promotion de la santé, des droits humains, de la dignité et de la citoyenneté des usager(e)s de drogues, rappelant ainsi que les interventions pour faire face à la problématique des drogues ne peuvent pas être d’ordre sécuritaire, mais doivent être conçues dans une démarche de santé publique et communautaire démontrant ainsi l’importance d’implique les usager(e)s de drogues injectables dans leur riposte à la consommation de drogues. La campagne fera ainsi un focus sur les droits des femmes usagères de drogues et sur l’importance de concevoir des services spécifiques à leurs besoins.

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