Les Américains se désengageront de l’Otan dès 2027 

Dans un document stratégique, Donald Trump, visiblement agacé par l’attitude des Européens concernant son projet de paix en Ukraine, annonce le désengagement des Etats-Unis de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) d’ici 2027, relançant ainsi la doctrine Monroe   

Habib Glenza

La doctrine Monroe condamne toute intervention européenne dans les «affaires des Amériques» (Nord et Sud), tout comme celle des États-Unis dans les affaires européennes. Elle porte le nom du cinquième président des Etats-Unis, James Monroe (1817–1825).

Ce document stipule que les États-Unis réaffirment leur influence dans l’hémisphère occidental, renforcent leur puissance militaire dans l’Indo-Pacifique et revoient leur relation avec l’Europe, a déclaré le président Trump vendredi 5 décembre 2025 dans un document stratégique visant à redéfinir le rôle des Etats-Unis sur la scène internationale.

Prééminence américaine dans l’hémisphère occidental

La Stratégie de sécurité nationale, publiée la nuit dernière, décrit la vision de Trump comme celle d’un «réalisme flexible» et affirme que les États-Unis devraient ressusciter la doctrine Monroe du XIXe siècle, qui proclamait l’hémisphère occidental comme zone d’influence de Washington. Le texte met également en garde contre un «effacement civilisationnel» en Europe, exhortant le continent à changer de cap.

Ce document constitue l’expression la plus récente et la plus claire de la volonté de Trump de bouleverser l’ordre mondial d’après-guerre, dominé par les États-Unis et fondé sur un réseau d’alliances et de groupes multilatéraux.

La politique étrangère du président Trump est motivée avant tout par ce qui convient à l’Amérique, c’est-à-dire «l’Amérique d’abord et avant tout». Ce document indique que Trump entend «restaurer la prééminence américaine» dans l’hémisphère occidental.

«Ce corollaire Trump à la doctrine Monroe est une restauration de bon sens et puissante de la puissance et des priorités américaines, conforme aux intérêts de sécurité des États-Unis», précise le texte, suggérant que le renforcement militaire américain dans la région n’est pas temporaire.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier, les critiques accusent Trump d’adopter une rhétorique évoquant un impérialisme moderne dans l’hémisphère occidental. Il avait évoqué, de manière vague, la reprise du canal de Panama ainsi que l’annexion du Groenland et du Canada.

Plus récemment, le renforcement de la présence militaire américaine dans les Caraïbes et les menaces de frappes terrestres au Venezuela et dans d’autres pays où opèrent les soi-disant cartels de la drogue ont accentué les inquiétudes régionales. Les États-Unis ont déployé plus de 10 000 soldats dans les Caraïbes, accompagnés d’un porte-avions, de navires de guerre et de chasseurs.

L’Europe menacée d’effacement

Dans ce document, l’administration Trump porte un regard sombre sur ses alliés traditionnels en Europe, avertissant que le continent fait face à un «effacement civilisationnel» et doit changer de trajectoire s’il veut rester un allié fiable des États-Unis. Le texte s’inscrit dans une série de déclarations de responsables américains qui remettent en cause les postulats de l’après-guerre concernant la relation étroite entre l’Europe et son allié le plus puissant, les États-Unis.

Certains commentateurs européens estiment que le document reprend la rhétorique des partis politiques d’extrême droite en Europe, qui sont devenus la principale opposition aux gouvernements en Allemagne, en France et dans d’autres pays alliés traditionnels des États-Unis.

Le document en question affirme qu’il est dans l’intérêt stratégique des États-Unis de négocier une résolution rapide en Ukraine et de rétablir une «stabilité stratégique» avec la Russie. Ce qui vaut à Trump des critiques pour ses déclarations positives et admiratives envers le président russe Vladimir Poutine, jugées trop conciliantes envers Moscou.

Reuters rapporte vendredi que Washington souhaite que l’Europe assume la majeure partie des capacités de défense conventionnelle de l’Otan sur son territoire, du renseignement aux missiles, un calendrier jugé irréaliste par certains responsables européens qui ne peuvent clairement plus compter sur le parapluie américain pour contrer d’hypothétiques attaques russes.

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