Pour développer les relations économiques et humaines avec l’Algérie voisine, la Tunisie a intérêt à accélérer la réalisation de certains grands projets d’infrastructures programmés et qui visent à faciliter l’entrée et l’accueil d’un plus grands nombre de touristes algériens.
Par Khémaies Krimi
Une moyenne de 2 millions d’Algériens visitent chaque année la Tunisie. En 2015, année au cours de laquelle la Tunisie a été boudée par ses touristes européens, en raison d’une série d’attentats meurtriers, quelque 2,5 millions touristes algériens (un record) avaient visité la Tunisie et sauvé, en partie, la saison touristique.
Cette clientèle algérienne, qui a tendance à devenir, au fil des années, un marché traditionnel, gagnerait à être davantage fidélisée par les hôteliers et prestataires touristiques tunisiens, et ce, en dépit de quelques désagréments qui surviennent de temps à autre : surbooking, institution de taxes inopportunes aux frontières…
Dans cette perspective, le gouvernement a un rôle majeur à jouer et à tout faire pour que la Tunisie garde et, surtout, développe un aussi précieux marché de proximité. Ainsi, au lieu de ressasser continuellement que «les Algériens sont tout d’abord nos frères et non pas seulement des touristes», il a tout intérêt à faire preuve d’efficacité et de professionnalisme et à accélérer, à cette fin, la réalisation de quelques grands projets urgents à même de faciliter l’entrée et l’accueil de plus grands flux des touristes algériens.
Pour des zones franches appropriées à la frontière
La première action à entreprendre en toute urgence est de hâter la mise en œuvre des 3 zones franches dont les lieux d’implantation ont déjà été identifiés, à savoir Hazoua (Tozeur), Bouchebka (Kasserine) et Melloula (Jendouba), qui ont fait l’objet de trois études menées, respectivement, par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites, «Création d’une zone maghrébine d’industrialisation et de libre-échange commercial»), et l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE : «La Tunisie et ses pays voisins: risques communs et solutions partagées»), qui présentent le désavantage d’avoir été effectuées sans aucune coordination.
Une mention spéciale doit être faite de la zone frontalière de Melloula (délégation de Tabarka). En visite, cet été, dans cette zone, le chef du gouvernement Youssef Chahed, qui avait promis une enveloppe de 19 millions de dinars tunisiens (MDT) pour l’aménagement de cette zone, serait bien inspiré de débloquer, dans les meilleurs délais, cette enveloppe d’autant plus que le retour sur investissement est garanti.
Accélérer la réalisation de l’autoroute trans-maghrébine
La deuxième action consisterait à accélérer la réalisation, au niveau de la Tunisie, du dernier tronçon de l’autoroute trans-maghrébine (3500 kms). Car, rappelons-le, au niveau algérien, les travaux de construction de l’autoroute est/ouest, arrivant au niveau de la frontière tunisienne (Melloula), ont démarré depuis l’année 2005 et sont sur le point d’être d’achevés, alors que, du côté tunisien, le dernier lot du tronçon devant relier Bousalem à la frontière algérienne (80 kms), vient à peine de faire l’objet d’une étude de faisabilité technico-économique.
Les deux effets essentiels attendus de ce dernier tronçon tunisien concernent la dynamisation des échanges humains et commerciaux entre la Tunisie et l’Algérie et la dynamisation du développement de l’ensemble de la région du nord-ouest tunisien et du nord-est algérien.
Parallèlement au renforcement de l’intégration régionale, l’autoroute jouera aussi un important rôle de dynamisation économique des régions qu’elle traversera. D’autant que l’ensemble du tronçon à réaliser se situe dans le gouvernorat de Jendouba, à 150 km de la région du Grand-Tunis, le principal centre économique en Tunisie.
Le premier lot reliera la ville de Bousalem et celle de Bulla Regia (12 km), le deuxième reliera Bulla Regia et Jendouba (16,50 Km pour une variante nord et une variante sud de 25,80 Km), le troisième reliera Jendouba et Ain El Baya (une variante nord de 9,50 Km et une variante sud de 9,90 Km), le quatrième reliera Ain El Baya et la frontière algérienne avec deux variantes, un passage en tunnel (1400 à 1600 mètres) de longueur variant entre 20,50 Km à 21,40 Km et un passage en surface de longueur 25 Km.
Le souhait est que cet itinéraire soit finalement retenu en raison de la beauté des paysages que cette autoroute va traverser et de son impact sur la dynamisation de l’activité touristique et surtout sur le désenclavement des villages de la région. Nous disons cela car, il y a deux ans, le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Mohamed Salah Arfaoui, avait évoqué la possibilité de la révision de l’itinéraire initial de ce tronçon (Bousalem-Frontière algérienne). Le premier tracé initial Bousalem-Melloula (Tabarka) s’est avéré très coûteux: 25 MDT le kilomètre.
«Nous sommes en train de discuter avec nos frères algériens pour trouver une solution moins coûteuse qui consisterait à prolonger l’autoroute jusqu’à Ghardimaou et envisager la construction sur le territoire algérien d’une voie expresse ou d’un tronçon autoroutier devant relier l’A3 à l’autoroute algérienne à Melloula», avait-il dit à l’époque.
Rouvrir la liaison ferroviaire Alger-Tunis
La troisième action urgente est d’accélérer la réouverture de la ligne ferroviaire Alger-Tunis, qui était pourtant programmée pour le 2 mai 2017, avant d’être reportée «à une date ultérieure pour des raisons techniques», selon la Société nationale des chemins de fer tunisien (SNCFT).
Normalement, ce trajet qui ne dure que six heures offre d’énormes avantages pour intensifier les échanges humains et économiques entre les deux pays.
Cela pour dire au final que des actions pratiques et à portée peuvent être entreprises pour intensifier la mobilité des habitants des deux côtés de la frontière et dynamiser les échanges économiques entre les deux pays, qui, malgré les nombreuses déclarations d’intentions rarement suivies d’effet, demeurent fort modestes.
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