«La société Elbene est un symbole de l’industrie laitière tunisienne et représente plus de 40 ans d’expériences. Malheureusement, c’est bientôt la fin de la filière», a déclaré Boubaker Mehri, président de la Chambre nationale des industries du lait relevant de l’Utica.
Dans un entretien avec RTCI, lundi 3 décembre 2018, le directeur général de Délice Holding, le leader de l’industrie laitière en Tunisie, a révélé qu’à partir de janvier 2019, il n’y aura plus de lait commercialisé en Tunisie, et ce en raison des nombreuses difficultés financières auxquels font face les industriels du lait et les éleveurs. Qualifiant cette crise de «drastique» et de «féroce», M. Mehri a indiqué que certains éleveurs ont été obligés de vendre leur bétail en Algérie pour vivre, étant donné qu’ils ne peuvent plus vendre le lait produit et que l’élevage leur coûte trop cher avec la hausse des prix de l’alimentation animale.
«Je ne connais pas très bien les chiffres mais je sais en tout cas que plus de 40.000 vaches ont été vendues. Et cela explique naturellement le manque de lait disponible sur le marché. Vous savez, le prix de l’aliment du bétail a beaucoup augmenté cette année en raison de la dépréciation du dinar», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Nous avons proposé au gouvernement des solutions pour sortir de cette crise, mais en vain. A cette date, nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir de cette filière et nous sommes en train d’établir nos budgets. Si une décision urgente n’est pas prise dans les jours à venir, l’année prochaine nous serons obligés d’importer beaucoup plus de lait. Et cela coûtera beaucoup à l’Etat, qui manque de devises, et grèvera davantage le déficit de la balance commerciale».
Le président de la Chambre nationale des industries du lait a également appelé à l’intelligence collective pour essayer de trouver une solution à cette crise afin de sauver cette industrie menacée et préserver l’emploi de 200.000 familles tunisiennes, qui en vivent.
«Pourquoi voulons-vous tuer cette industrie?», s’est interrogé l’industriel, ajoutant que la pénurie du beurre est directement liée à la crise laitière, et ce en raison de la baisse de la production du lait.
Face à cette crise, les producteurs sont en train de gagner de l’argent grâce à la vente du yaourt et des autres produits dérivés mais ils enregistrent une perte énorme dans la vente du lait écrémé. Les Tunisiens ne l’achètent pas en raison de son prix élevé.
E. B. A.
Crise du lait en Tunisie : Les éleveurs expliquent leurs difficultés
Du lait importé de Belgique distribué sur le marché tunisien
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