Place à la poétesse française de renom Louise de Vilmorin et à son poème ‘‘Solitude, ô mon éléphant’’ paru à titre posthume en 1972 dans le recueil éponyme. Le thème de la solitude a marqué l’œuvre poétique de celle qui fut l’amour de jeunesse de l’écrivain André Malraux et la fiancée d’Antoine de Saint-Exupéry.
Louise de Vimorin, née le 4 avril 1902, est une femme de lettres française, poétesse mais aussi romancière, genre qu’elle inaugura avec les encouragements d’André Malraux. Elle a toujours baigné dans un monde d’intellectuels, Malraux mais aussi Saint-Exupéry qui fut son fiancé et son grand ami Jean Cocteau qui la lança dans le monde des lettres en 1934. Une longue correspondance entre les deux poètes s’étala tout au long de leur vie.
Louise de Vilmorin a appartenu à un autre cercle non moins prestigieux, la Café Society –milieu cosmopolite apparu au lendemain de la Première Guerre mondiale, ancêtre de la jet set- qui comptait dans ses rangs Charles et Marie-Laure de Noailles, Francis Scott Fitzgerald, le baron Alexis de Rédé, l’Aga Khan, Guy et Marie-Hélène de Rothschild, le marquis de Cuevas, Francine Weisweiller, Peggy Guggenheim et bien évidemment Charles de Beistegui qui permit à la Café Society d’atteindre son ultime apogée grâce au «Bal du siècle» qu’il avait donné en son palais Labia, à Venise, le 3 septembre 1951.
Grande voyageuse, Louise de Vilmorin séjournait fréquemment en Suisse chez son ami le prince Sadruddin Aga Khan. Elle termina sa vie avec son amour de jeunesse André Malraux et décéda le 26 décembre 1969.
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Je ne suis plus là pour personne,
Ô solitude ! Ô mon destin !
Sois ma chaleur quand je frissonne,
Tous mes flambeaux se sont éteints.
Tous mes flambeaux se sont éteints,
Je ne suis plus là pour personne
Et j’ai déchiré ce matin
Les cartes du jeu de maldonne.
Solitude, ô mon éléphant,
De ton pas de vague marine
Berce-moi, je suis ton enfant,
Solitude, ô mon éléphant.
Couleur de cendres sarrasines,
Le chagrin me cerne de près,
Emmène-moi dans la forêt
Dont les larmes sont de résine.
Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer
Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.
Allons dans la forêt sous la sombre mantille
Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.
Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel
La lune voyager en sa blondeur de miel,
Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle
Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille!
Le poème du dimanche: ‘‘Ce siècle avait deux ans’’ de Victor Hugo
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