Mouna de Sousse donne l’exemple et montre la voie.
Lancé il y a 6 mois par la Fondation Biat pour la jeunesse (FBJ), le programme «Engage» a été clôturé, jeudi 28 mars 2019, à l’auditorium du siège de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), au centre-ville de Tunis. Des idées de dons, de partage et de dévouement aux autres…
Par Zohra Abid
Au total : 300 jeunes âgés entre 18 et 30 ans, pour la plupart étudiants, s’étaient inscrits en ligne pour cette 1ère édition du programme Engage (à prononcer en anglais), mais le jury n’en a sélectionné que les 25 candidats les plus créatifs et les plus innovants sur le plan social.
Citoyenneté, créativité et business d’élite
Ces derniers ont bénéficié de formation, de coaching individuel, d’accompagnement et de conseil assurés par le cabinet Zhaïra Bennani-Coach Well’Com. Au final, 9 initiatives citoyennes sorties du lot ont été appuyées par la FBJ, précise à Kapitalis, la directrice de la communication Héla Hana Garnaoui.
Dans son mot d’ouverture de la cérémonie, Malek Ellouze, vice-président de la FBJ, a passé en revue les différents programmes mis en place depuis 5 ans avec au moins 16 projets, et dont l’objectif est de booster l’entrepreneuriat des jeunes et le business d’élite. Parmi ces programmes : les Sparkdays qui récompense les meilleurs projets dans les domaines de la culture, du tourisme ou de l’éducation; le concours de l’entrepreneuriat Bloommasters dont l’inscription à la 3e édition a été ouverte le 21 janvier 2019 et fermée le 3 mars courant.
«Nous travaillons sur l’égalité des chances», a souligné M. Ellouze, en rappelant l’importance de l’axe de la culture, «véritable créateur de valeur ajoutée», et qui met à contribution la matière grise des jeunes. Pris par la main, accompagnés et dûment coachés, ces porteurs d’idées se montrent créateurs et innovants et avancent rapidement dans la réalisation de leurs projets.
M. Ellouze a profité du grand rassemblement des jeunes pour les appeler à prendre part au nouveau concours baptisé «Faites de la musique», qui aura lieu le 21 juin prochain. «Les inscriptions ne sont pas encore fermées et il y aura des gagnants. Notre équipe est en tournée dans les instituts de musique dans diverses régions de la Tunisie pour détecter les talents. L’engagement est dans l’ADN de la Fondation Biat où on croit en la jeunesse, en la citoyenneté et en l’esprit d’entrepreneuriat et de l’interactivité», a-t-il enchaîné.
Sa collègue Salma Baghdadi, responsable du programme Engage, a présenté à son tour les 9 jeunes sélectionnés, qui ont convaincu en portant leurs idées avec beaucoup de cœur, de persévérance, de leadership citoyen et d’engagement, à la fois mot clé, signe de ralliement et philosophie du concours. Bien accompagnés par des experts en entrepreneuriat et en communication, ils ont appris à développer leurs projets respectifs et à les faire apprécier. Car il ne s’agit pas d’avoir seulement une bonne idée, mais de savoir la développer, la mettre en forme, la rendre bancable et la formuler avec rigueur et enthousiasme. Et cela s’apprend et se cultive.
Parole aux «engagés» du programme
Jamel l’Artisto a parlé de son Taxi culturel, qui sillonne les régions défavorisées où on manque de tout pour offrir aux habitants un peu de théâtre, de ciné, de musique, etc.
Khadija Miladi a, quant à elle, parlé de Ay Rassi. Son projet est tiré de son propre vécu et de sa souffrance de maux de tête, de cette migraine qui lui a rendu la vie insupportable et l’a obligée à changer de carrière, en laissant tomber la profession d’ingénieur pour se reconvertir dans la médecine. Sa première caravane de santé a démarré récemment.
Achref Mattar et Salsabil Thabti ont lancé Youth_Hub dans la ville de Bizerte visant l’éducation et la familiarisation des enfants de 12 à 15 ans à l’entrepreneuriat et audesign thinking .
Chawki a travaillé sur la sensibilisation environnementale auprès des enfants âgés de 6 à 11 ans. Il a mobilisé 3 associations, JCI, Tunisie Recyclage et Tounes Cleanup pour intervenir dans sa région natale, Takelsa. Son projet qui porte sur le tri et l’intégration des déchets au réseau de recyclage va toucher prochainement d’autres régions.
Souhail Henchiri, lui, s’est intéressé aux ateliers culturels et de loisirs dans les écoles rurales et périurbaines de Gafsa où il n’y a pas grand-chose pour divertir les jeunes.
Oussama Ben Abda (Tunis) veut mettre à profit sa passion pour le sport pour résoudre les problèmes de violence dans son quartier populaire et ce à travers des installations sportives.
Imen Mahdi (Sfax), boursière d’Elite de la Fondation BIAT lance son initiative citoyenne visant à donner une nouvelle naissance au Parc Thyna longtemps délaissé en fédérant plusieurs associations actives à Sfax et y a créé le concept culturel Fann Station.
Wiem Chamsi de Hammam Sousse a mis sa Kanawita (armoire) dans la rue. Le concept consiste à mettre dans cette Kanawita publique les affaires de trop et en bon état pour en faire profiter les démunis. Pour elle, il s’agit d’une culture de partage à mettre en oeuvre un peu partout, notamment dans les écoles, qui sont une cible potentielle, et pourquoi pas dans les mosquées et les restos.
Rayed Salmi et Hayfa Tebaii ont travaillé sur l’abandon scolaire. Rayed a inscrit 130 élèves des zones rurales de Kébili, dans le sud-ouest tunisien, où il n’y a ni ordinateur ni connexion ni imprimante. Hayfa, qui a rejoint Rayed dans son projet Rassamni, refuse que les élèves, pour une raison ou une autre, abandonnent tôt les bancs des écoles.
Le clou de l’événement
On ne peut pas parler d’Engage sans faire appel à la petite Mouna, 8 ans, venue de Sousse, pour parler de sa générosité en faisant don de ses cheveux au profil de Selima, association de soutien aux enfants atteints du cancer.
Lorsque notre collègue Wassim Ben Larbi qui animait l’événement, l’a appelée, elle est montée au podium en pressant les pas, comme une grande. Après avoir parlé de la cause l’ayant poussée à couper ses tresses et à se contenter de son nouveau look au beau carré, Mouna a appelé les présents de faire comme elle. «Coupez vos cheveux et faites-en don pour qu’on en fasse des perruques pour les enfants ayant perdu les leurs suite à la chimiothérapie. Les miens sont en train de repousser et je vais récidiver», a-t-elle lancé avec grand engagement pour la bonne cause.
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