Pour son entrée en lice dans le groupe E de la CAN 2019, lundi 24 juin 2019, la Tunisie n’a pas su prendre la mesure d’une solide équipe angolaise. Très décevants, les Tunisiens n’ont jamais trouvé la solution pour gagner. Ce sont les seuls mondialistes 2018 à ne pas s’être imposés lors de cette première journée.
Par Hassen Mzoughi
Les hommes d’Alain Giresse avaient ouvert le score dès la 34e minute, sur un penalty transformé par Youssef Msakni, sur leur seule action véritablement construite. Mais les Angolais, volontaires et physiquement impeccables, n’ont jamais abdiqué, et ont joué d’égal à égal avec les coéquipiers de Naim Sliti, cadrant même plus de frappes que les Aigles de Carthage. Ils ont finalement égalisé par Djalma Campos sur une erreur du gardien tunisien Farouk Ben Mustapha (74’). Et cela aurait pu être pire que ce match nul péniblement acquis face à des Angolais en confiance et bien préparés.
Les Aigles se mettent en difficulté…
Un résultat pas étonnant quand on sait que les Tunisiens ont été laborieux tout au long de la rencontre. Ils se mettent déjà en difficulté dans cette phase de poules. Le deuxième match face au Mali, vendredi prochain, sera déjà décisif pour la qualification!
Le Mali qui a parfaitement lancé sa CAN en battant aisément la Mauritanie (4-1). Un large succès qui lui permet de prendre la tête du groupe E.
La Tunisie avait à cœur de commencer cette première CAN par un succès face aux Angolais, à Suez. Raté pour les joueurs d’Alain Giresse, trop brouillons sur le plan tactique comme sur le plan technique, pas suffisamment en bonne condition physique et dépassés dans le jeu et dans… l’envie. Ce sont même les Palancas Negras qui vont dominer la fin de match alors que les Tunisiens se contentaient de protéger ce match nul.
Une équipe avec 7 joueurs défensifs !
En fait, Alain Giresse n’avait pas joué pour gagner. Il a opté pour la sécurité en alignant pas moins de 7 joueurs défensifs : Oussama Haddadi, Rami Bedoui, Dylan Bronn, Yassine Meriah, Ellyes Skhiri, Ghailen Chaalali. En fermant le terrain, en donnant la consigne à Rami Bedoui et Ousssma Haddadi de ne pas franchir la ligne médiane, en jouant avec trois pivots Ghailen Chaalali, Wajdi Kechrida et Skhiri, la plupart du temps positionnés dans leur propre moitié de terrain (un seul centre des latéraux au cours de la mi-temps initiale), pas moyen de remonter rapidement le jeu vers les attaquants pour surprendre des Angolais bien regroupés, vigilants et surtout en confiance au fur et à mesure que les Tunisiens marquaient le pas, même après avoir ouvert le score par Youssef Msakni.
Sur la seule action élaborée, et quand le milieu Ellyes Skhiri a enfin décidé de se projeter, il s’est retrouvé dans la surface angolaise pour servir Naïm Sliti avant que celui-ci ne bénéficie d’un penalty sur l’intervention illicite de Paizo.
Giresse n’a pas seulement bétonné le système, mais il a compliqué davantage la tâche de son équipe en interférant les postes : Wajdi Kechrida, le meilleur latéral droit du championnat, reconverti en milieu récupérateur, Ellyes Skhiri habituellement milieu central a été décalé à gauche et Ghailen Chaalali a été placé dans l’axe du terrain au lieu de jouer en milieu droit.
Où sont Ben Mohamed, Srarfi, Khenissi et Chawat ?
Giresse a raté son match depuis les vestiaires. Il n’a pas été lucide aussi en cours de jeu. Le remplacement de Naim Sliti, l’une des rares satisfactions par Anice Badri ne s’imposait pas. Egalement bien en jambes, Ghailen Chaalali ne devait pas quitter l’équipe. Il fallait, juste après le but encaissé, faire rentrer Ayman Ben Mohamed à la place de Oussama Haddadi pour apporter le surnombre dans le jeu offensif, lancer Bassem Srarfi, Taha Yassine Khenissi ou Firas Chawat au lieu de maintenir Wahbi Khazri et Youssef Msakni peu en vue au cours du match. Il ne fallait pas avoir «peur» de mettre ces deux joueurs sur le banc, et donner confiance à d’autres qui sont «plus disponibles», même si un lobby semble «dicter» un certain statu quo.
Alain Giresse doit corriger ses erreurs et la Tunisie doit l’emporter face aux Maliens, sinon ce sera très compliqué de passer au second tour. D’autant que l’Angola peut rêver d’une qualification aux huitièmes en cas de succès samedi prochain face à la Mauritanie.
Aussi, il ne pourra plus reconduire la même équipe. Il devrait trancher, laisser au repos Khazri et Msakni, les deux «vedettes» qui ne sont pas à leur meilleur niveau et faire jouer en attaque Bassem Srarfi, très en vue pendant les tests de préparation, Taha Yassine Khenissi ou Firas Chawat en pointe, tout en remettant Kechrida à sa place sur le flanc droit.
Le sélectionneur doit assumer ses choix…
Alain Giresse se trompe en disant hier en conférence d’après match que «l’équipe n’a pas été à la hauteur, qu’il y a eu beaucoup d’approximations sur le plan technique, de manque de disponibilité.» Le technicien français commet une grave erreur tactique (encore une autre) en pointant les joueurs au lieu d’assumer ses choix, de dire franchement qu’il s’est trompé et d’éviter surtout de semer le doute au sein du groupe. Après tout, c’est lui qui a choisi la formation contre l’Angola et la manière de jouer. Ses propos risquent de toucher les joueurs, qui mettraient en doute sa «méthode» et… son autorité. C’est donc à eux de réagir positivement et de gagner ensemble.
La Tunisie a raté son premier match par la faute de Giresse qui a compliqué la tâche à son équipe. Vendredi prochain contre le Mali, ce sera à quitte ou double. Souhaitons qu’il puisse trouver la bonne réplique et attendons la réaction appropriée des joueurs pour sortir la tête de l’eau.
Tunisie: Ben Mustapha, Kechrida, Bedoui, Meriah, Bronn, Haddadi, Skhri, Khazri, Chaalali (Sassi, 68’), Msakni, Sliti (Badri, 78’). Sélectionneur : Alain Giresse.
Angola: Cabaça, Gaspar, Massunguna, Bastos, Mateus (Macaia, 86’), Stelvio (Geraldo, 46’), Herenilson, Paizo, Eduardo (Gelson, 46’), Djalma, Fredy. Sélectionneur : Srdjan Vasiljevic.
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