Une séance de travail s’est tenue hier, jeudi 4 juillet 2019, à Sousse, sur la mendicité et les sans abris qui prolifèrent dans la ville. Une identification du problème à la source, s’impose, pour tenter d’y remédier.
Par Amina Mkada
Beaucoup de pays ont débattu de situations similaires, comme le cas saugrenu de la Suède: la ville d’Eskilstuna a adopté un arrêté qui oblige les sans-abris souhaitant mendier à demander un permis d’une valeur de 15 euros, dans le but de recenser les populations nécessiteuses, sous peine d’amende. Comme si mendier était un commerce (souvent le cas en Tunisie), nécessitant patente et taxation. L’idée n’est pas d’entraver la mendicité, mais de permettre aux associations ou aux services d’aide sociale, d’entrer en contact avec les personnes vivant de la mendicité.
Réponse juridique ou sociale ?
En Belgique, le débat a porté sur la réponse juridique à la mendicité:
depuis toujours, elle a été celle de la tolérance pour ne pas dire, plus exactement, l’indifférence. En effet, le mendiant ne constituait pas, en tant que tel, une catégorie juridique propre. N’existant pas juridiquement, il a donc été tour à tour accepté, toléré, voire intégré.
En Tunisie, pays où la pauvreté est devenu un phénomène de plus en plus courant et (passivement) accepté, les mendiants le sont devenus aussi.
Globalement, c’est à partir de la naissance des villes et de l’apparition d’une classe «bourgeoise» que le mendiant va progressivement devenir un indésirable pour des raisons essentiellement économiques: il devient insupportable que certains ne travaillent pas alors qu’ils peuvent le faire. Les mendiants vont donc graduellement entrer dans la répression juridique.
Les bons et les mauvais mendiants
En Tunisie, il semble qu’une tendance se fait jour : la distinction entre les bons et les mauvais mendiants, suite à la découverte de réseaux qui obligent les plus vulnérables parmi les pauvres (femmes et enfants,) à mendier. En effet, pour certaines institutions (principalement religieuses), les seuls pauvres légitimes sont le vieillard, l’orphelin et l’infirme.
Petit à petit, la mendicité aura à entrer dans une nouvelle ère juridique qui est l’aide sociale: le mendiant n’est plus perçu comme un délinquant, mais comme une personne devant bénéficier d’aide, une personne défavorisée devant être socialement intégrée. Car ce qui doit nous déranger, ce n’est pas la mendicité mais la pauvreté!
Nous espérons que les conclusions de la réunion de travail tenue à Sousse du 4 juillet auront discerné les situations les unes des autres, et opté pour l’aide sociale, plutôt qu’ à la répression juridique, dans un pays où le seuil de pauvreté (15,2% en 2015) est, à lui seul, la preuve palpable de la situation très précaire des mendiants dans notre pays.
Il faudra bien s’attaquer aux causes du problème, et pas seulement à ses conséquences.
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